3e Master class sur la rééducation vestibulaire

« Le vertige n’est pas une maladie mais un symptôme de beaucoup de maladies »

Pendant trois jours, l’hôtel Golden Tulip a abrité la 3e session du master class sur la rééducation vestibulaire. Rencontré sur place, à l’ouverture de cette formation de kinésithérapeute vestibulaire, le Dr Mohamed Laib médecin spécialiste en ORL, a déclaré au micro d’Esseha.dz que « cette formation vise à combler un déficit énorme ». Le spécialiste et un des initiateurs de cette session a fait savoir que tous les formateurs ont répondu présent, en l’occurrence le Pr Aïnouche, spécialiste en ORL, le Pr Michel Lacour, chercheur au CNRS de Marseille, Mrs Alain Zeitoun et Michel Piquet, tous deux kinésithérapeutes, l’un installé à Cannes et l’autre à Toulon.

Le Dr Laib a confié que cette 3ème édition a enregistré « la participation de médecins ORL, de kinésithérapeutes fonctionnels ainsi que de médecins en kinésithérapie. C’est une première en Algérie et ils viennent suivre la formation de kinésithérapeute vestibulaire. Nous avons justement une maître-assistante en kinésithérapie fonctionnelle du CHU de Constantine qui veut se former et former à son tour des générations de kinésithérapeutes vestibulaires ».

Rencontré lui-aussi en marge de cette formation, Mr Michel Piquet, kinésithérapeute installé à Toulon a succinctement résumé pour Esseha les diverses causes du vertige. D’emblée, il a indiqué que « le vertige n’est pas une maladie mais un symptôme de beaucoup de maladies certaines étant très graves et d’autres, les plus courantes, étant beaucoup moins graves voire tout à fait bénignes ». Tout en avouant qu’il s’agit de quelque chose de très désagréable, il a énuméré les causes les plus courantes. « Il y a le VPPB (vertige positionnel paroxystique bénin) qui est dû au déplacement de petits fragments de carbonate de calcium, qu’on appelle couramment les cristaux, d’une partie de l’oreille où ils avaient une fonction, dans une autre partie, un canal semi-circulaire. Cela donne un vertige terrible quand on tourne dans le lit, quand on se penche, …l’univers bascule d’un coup et c’est insupportable ». Il a expliqué que ce cas de figure est « très facile à soigner avec une manœuvre libératrice qui va permettre de vider le canal de ces petits éléments ». La deuxième cause citée par le spécialiste, c’est la maladie de ménière. « C’est un syndrome pressionnel. Pour tout un tas de raisons, la pression du liquide de l’oreille interne va augmenter et créer des crises de vertiges longues allant de 15 mn à 4 ou 5 h avec des symptômes auditifs associés : un acouphène, un sifflement dans l’oreille, une sensation de plénitude d’oreille, une baisse de l’audition d’un côté, avec une courbe de l’audiométrie qui est tout à fait caractéristique dit en cuillère. Cela est tout à fait caractéristique de la maladie de ménière », a-t-il indiqué. La troisième cause invoquée « c’est le syndrome de destruction, une aréflexie vestibulaire unilatérale et la quatrième cause, c’est l’aréflexie vestibulaire bilatérale, elle est souvent la cause de traitements médicaux, ce que les médecins appellent un effet iatrogène, c’est-à-dire que certains médicaments -cela arrive mais c’est extrêmement rare- détruisent les cellules de l’oreille interne. Dans ce cas, on est instable, on n’est plus réellement vertigineux ». La dernière cause parmi les plus bénignes, « c’est les instabilités à la suite de mauvais choix réflexes de l’organisme aux situations de déséquilibre ».

Enfin, Michel Piquet a conclu en disant qu’: « il y a une autre famille et là, il est question de syndromes périphériques, c’est les vertiges d’origine centrale donc du système nerveux central qui, elle, demande plus d’investigations. Les vertiges sont un peu moins forts mais les instabilités sont plus fortes et c’est un peu plus difficile à soigner. L’identification se fait la plupart du temps à l’interrogatoire avec 5 ou 6 bonnes questions comme les circonstances d’apparition ou la durée du vertige, questions sont extrêmement précises. A partir de là, nous procédons à un petit bilan clinique non instrumental qui va guider quelques tests instrumentaux. La plupart du temps, nous avons un réel diagnostic et nous pouvons agir. Les médicaments agissent assez peu et assez mal, les indications chirurgicales sont très efficaces mais rarissimes et la rééducation vestibulaire, c’est prouvé et documenté, c’est vraiment ce qui, dans la plupart des cas marche le mieux, le plus vite et sans dangers. Ce sont des techniques qui s’apprennent mais les formations sont, pour le moment, assez rares ».

Hassina Amrouni

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accept Read More