A l’occasion de la Semaine internationale de Sensibilisation de la fibrillation atriale, les laboratoires Abdi Ibrahim Remède Pharma ont choisi de se mobiliser aux côtés des professionnels de santé pour mieux informer, prévenir et accompagner les patients.
Dans ce cadre, Esseha s’est entretenu avec le Pr Mohamed Tahmi, cardiologue, qui dresse un état des lieux clair et précis de cette pathologie cardiaque en pleine progression.
D’emblée, le spécialiste rappelle que « la fibrillation atriale est le trouble du rythme le plus fréquent en cardiologie, en Algérie et aussi dans le monde ». Il insiste sur son ampleur : « environ 60 millions de personnes » en sont touchées à l’échelle mondiale, un chiffre qui ne cesse d’augmenter avec le vieillissement de la population.
Si la maladie est étroitement liée à l’âge, elle n’épargne pas pour autant les plus jeunes. Le Pr Tahmi souligne ainsi que « même des sportifs peuvent présenter une fibrillation atriale sur cœur sain ». Dans ces cas-là, la maladie reste généralement moins grave, mais son potentiel de complications demeure important. Le cardiologue rappelle que « c’est la première cause d’AVC dans le monde », en plus d’être responsable d’un grand nombre d’hospitalisations, ce qui en fait une pathologie à forte morbi-mortalité. D’où l’importance du dépistage précoce. Selon lui, » il faut essayer de la dépister précocement pour prendre les décisions thérapeutiques les plus adaptées ». Les premiers signes évocateurs restent les palpitations. Passé un certain âge, la recherche systématique de fibrillation atriale passe par électrocardiogramme. Lorsque cela ne suffit pas, un enregistrement prolongé « idéalement 72h », avec un Holter ECG est envisagé.
Une fois le diagnostic posé, commence alors la stratégie thérapeutique. Le choix d’un traitement repose sur plusieurs outils dont le Score CHA2DS2-Vasc qui oriente la décision d’instaurer ou non un anticoagulant. Le Pr Tahmi note également l’importance de traiter les facteurs aggravants : « Les facteurs de risque cardiovasculaire doivent être traités de la même manière », parmi lesquels « la sédentarité, l’obésité, la surcharge pondérale, le diabète et l’hypertension artérielle », d’où l’importance de « promouvoir l’activité physique qui est un moyen de prévention de la fibrillation atriale et peut même être prescrite dans ce cas ».
Sur le plan thérapeutique, les options se sont multipliées : réduction électrique, radiofréquence, cryothérapie, et plus récemment électroporation. Les anticoagulants ont également évolué. Le Pr Tahmi rappelle qu’aux anciens anti-vitamine K, se substituent désormais « de nouvelles molécules, les anticoagulants oraux, plus sûrs et sans contrôle biologique régulier », réduisant les accidents hémorragiques.
Pour le cardiologue, l’enjeu dépasse largement le cadre individuel : « c’est un problème de santé publique, extrêmement important », affirme-t-il. Il plaide pour une stratégie intégrée : « Il faut former, et transmettre les données les plus récentes, dépister à temps et traiter de manière efficace. »
Hassina Amrouni