Cela m’est arrivé il y a plusieurs années. Dix-huit ans, plus exactement. J’étais enceinte de mon premier enfant, un garçon. Si durant mes premiers mois de grossesse, j’étais sur un nuage, les dernières semaines ont été très pénibles car je faisais une cholestase gravidique.
Malgré un suivi médical régulier dans un cabinet privé, j’ai accouché d’un mort-né à…36 semaines dans un hôpital de la capitale. Un choc pour moi, pour mon mari et toute ma famille.
Inutile de vous donner les détails sur mes conditions d’hospitalisation (à deux sur un lit, sanitaires sales, …), je veux plutôt revenir, dans ce témoignage, sur l’après-accouchement.
Une fois sortie de la salle de travail, j’ai été installée dans une chambre avec d’autres parturientes. Ces dernières, plus chanceuses que moi, avaient leurs bébés près d’elles, tandis que moi, je n’avais que ma douleur –physique et morale- et mes larmes. J’ai très peu fermé l’œil, cette nuit-là car j’entendais les nouveaux- nés pleurer ou leurs mamans les bercer. J’étais anéantie.
Le lendemain, jour de l’Aïd-el-fitr, mon réveil a été des plus durs contrairement à mes voisines de chambre qui commençaient à recevoir la visite de leurs proches, autour de gâteaux, de beignets ou de tisanes fumantes. J’étais en deuil mais je n’ai reçu aucun soutien psychologique, aucune visite de psychologue ou de médecin. Pas même un signe de compassion ou d’empathie. Rien. J’ai mis plusieurs mois à remonter la pente et ce, grâce à l’aide, au soutien et à l’amour de ma famille.
Aujourd’hui, je suis l’heureuse maman d’une belle jeune fille (j’ai fait une seconde cholestase gravidique mais grâce au professeur qui m’a prise en charge et à Dieu surtout, mon bébé a été sauvé).
Ma première grossesse a été l’une des expériences les plus dures et les plus traumatisantes de mon existence. J’ose espérer qu’aujourd’hui, il existe une prise en charge psychologique pour les cas difficiles au sein de nos hôpitaux, auquel cas, il faudrait sérieusement y penser.
Une maman qui a vécu une mauvaise expérience
Rania. C