Depuis le 3 août dernier, date d’admission au CHU de Constantine de deux personnes -une femme de 63 ans et son fils de 22 ans- pour suspicion de contamination à la toxine botulique suite à la consommation de thon en boîte, le sujet a fait la Une des médias et des réseaux sociaux. La confirmation de la présence de toxine botulique dans les échantillons analysés par l’Institut Pasteur d’Algérie – le lot suspect a été retiré du marché- puis, malheureusement, le décès du jeune patient contaminé a suscité crainte et suspicion au sein de la population, les douloureux épisodes de juillet 2012 (4 cas) et de juillet puis septembre 1998 (244 cas déclarés et 38 décès), étant toujours présents dans les esprits.
Méconnu avant ces dates fatidiques, les Algériens ont appris à leurs dépens que le botulisme est une infection qui ne ressemble pas aux autres. Celle-ci peut être fatale en l’absence d’un diagnostic voire d’une prise en charge rapide.
La présentant comme une « maladie grave et potentiellement fatale mais rare », l’OMS indique que le botulisme est « une intoxication provoquée par l’ingestion de neurotoxines puissantes, les toxines botuliques, présentes dans les aliments contaminés ».
Les symptômes qui apparaissent entre 12 et 36 heures et durent de 4h à 8 jours se caractérisent toujours selon l’Organisation mondiale de la santé par « une fatigue marquée, une faiblesse et des vertiges. Ils sont habituellement suivis de troubles de la vision, d’une sensation de bouche sèche et de difficultés de déglutition et d’élocution ». Ces premiers signes peuvent également être accompagnés de vomissements, diarrhée, constipation et un gonflement abdominal. Etant une infection neurotoxique, le botulisme évolue « en donnant une sensation de faiblesse dans la nuque et les bras, après quoi les muscles respiratoires et les muscles de la partie inférieure du corps sont touchés. Il n’y a ni fièvre, ni perte de conscience », note encore l’OMS.
Le Clostridium botulinum, l’agent pathogène du botulisme est une bactérie anaérobie, se développant dans des milieux privés d’oxygène. Elles produisent des toxines « botuliques » neurotoxines pouvant bloquer les fonctions nerveuses et entraîner une paralysie des muscles qui permettent la respiration.
Divers aliments transformés et/ou conservés dans des conditions inadéquates peuvent être touchés par les toxines botuliques comme les légumes verts (épinards, haricots verts), betterave, champignons, maïs, poissons, thon,…)
Outre le botulisme alimentaire, la maladie peut également être contractée par inhalation, blessure ou contamination intestinale (chez le nourrisson).
A noter que dans 5 à10 % des cas, la maladie peut être fatale, si elle n’est pas traitée rapidement par une antitoxine.
Pour prévenir le botulisme, il est important de respecter scrupuleusement les règles d’hygiène, notamment lors de la transformation artisanale des aliments. Par ailleurs, si le contenant d’un produit conserve est gonflé, déformé, l’aliment a fui, présente une couleur ou une odeur bizarre ou gicle à l’ouverture, ne le consommez pas, jetez-le immédiatement.
Enfin, il est important de prendre connaissance des « Cinq clés pour des aliments plus sûrs » de l’OMS, une initiative servant de base à des programmes de formation et d’éducation des consommateurs pour prévenir les intoxications alimentaires d’une manière générale. Ces règles préconisent de prendre l’habitude de la propreté, de séparer les aliments crus des aliments cuits, de bien faire cuire les aliments, de conserver les aliments à bonne température et d’utiliser de l’eau et des produits sûrs.
Hassina Amrouni