Cancer du sein triple négatif: Une nouvelle piste thérapeutique

Une équipe de chercheurs de l’Oregon Health & Science University (OHSU) vient de dévoiler une avancée qui pourrait transformer la manière de combattre le cancer du sein triple négatif, considéré comme l’un des plus difficiles à traiter. Les travaux publiés le 7 novembre 2025 dans la revue Cell Reports Medicine font état de la mise au point une molécule innovante nommée SU 212.
Cette molécule s’attaque à une enzyme appelée énolase 1 (ENO1), habituellement impliquée dans la gestion de la glycémie à l’intérieur des cellules. Dans le cas du cancer du sein triple négatif, les cellules tumorales se mettent à produire ENO1 en excès, ce qui stimule leur développement et leur capacité à envahir d’autres tissus. Les chercheurs ont donc cherché à neutraliser cette enzyme directement à la source.
Lorsqu’ils ont administré SU212 à des souris porteuses de tumeurs triple négatives, l’effet a surpris même l’équipe : l’ENO1 a été éliminée et la croissance des tumeurs s’est retrouvée stoppée net, sans apparition de nouvelles métastases. Selon Sanjay V. Malhotra, auteur principal de l’étude : « c’est une avancée majeure dans le traitement du cancer du sein triple négatif ». Il explique que son équipe ambitionne désormais de réunir les conditions nécessaires pour lancer un essai clinique chez l’être humain, avec l’objectif de faire émerger une thérapie ciblée plus précise et moins toxique que les options actuelles.
Les résultats obtenus ne se limitent pas au cancer du sein. L’ENO1 intervient également dans d’autres tumeurs particulièrement agressives, comme le gliome affectant le système nerveux central, le cancer du pancréas ou encore certaines formes rares de cancer de la thyroïde. A ce sujet, Sanjay V. Malhorta souligne qu’«un médicament ciblant ENO1 pourrait aussi contribuer à améliorer e traitement de ces cancers ».
De manière inattendue, les chercheurs ont aussi observé des effets bénéfiques dans le domaine métabolique. Teste sur des souris diabétiques, la molécule a réduit la stéatose hépatique et abaissé la glycémie, tout en conservant son efficacité antitumorale. Ces observations laissent entrevoir un potentiel thérapeutique plus large.
L’équipe reste toutefois prudente : avant d’aller plus loin, elle devra obtenir le feu vert de la Food and Drug Administration (FDA) pour entamer des essais cliniques.
Hassina Amrouni