Une équipe internationale de chercheurs a identifié une molécule produite par certaines bactéries présentes dans les tumeurs, capable de renforcer l’action du 5-fluorouracile (5-FU), l’un des médicaments les plus utilisés en chimiothérapie. Publiés dans la revue Cell Systems, ces travaux ouvrent une piste inédite pour exploiter le rôle du microbiote dans la lutte contre le cancer.
Baptisée 2-methylisocitrate (2-MiCit), la molécule a montré une activité directe contre des cellules tumorales cultivées en laboratoire. Dans un modèle expérimental de tumeur intestinale, elle a permis de freiner la propagation des cellules cancéreuses et d’améliorer la survie. Mais le résultat le plus prometteur réside dans son association avec le 5-FU : administrés ensemble, les deux agents agissent en synergie, rendant le traitement plus efficace que le médicament seul.
Les chercheurs ont également développé une version modifiée, un ester triméthylé, qui s’est révélée encore plus active. Ces résultats suggèrent que le microbiote tumoral ne se limite pas à influencer la santé de manière indirecte, mais peut devenir un véritable allié thérapeutique.
Pour autant, ces conclusions restent à confirmer dans des modèles plus complexes, puis chez l’homme. De nombreuses questions demeurent : tolérance, sécurité, dosage optimal et variabilité entre patients selon leur microbiote. Mais cette avancée illustre un changement de paradigme : à l’avenir, la médecine anticancer pourrait s’appuyer sur une interaction tripartite entre l’hôte, le médicament et les microbes.
Nouhad Ourebzani