Une étude internationale ouvre la voie à une protection durable contre l’anthracnose, un fléau qui menace la production oléicole mondiale.
Dans un contexte marqué par les changements climatiques et la pression croissante des maladies sur les cultures, des chercheurs ont identifié une nouvelle voie pour protéger les oliviers contre l’anthracnose — une maladie fongique redoutable qui affecte gravement la production et la qualité de l’huile d’olive. Publiée récemment dans la revue Industrial Crops & Products, l’étude met en lumière l’efficacité des extraits naturels de caroube (Ceratonia siliqua) et de grenade (Punica granatum) dans la stimulation des mécanismes de défense des plantes grâce à leur activité antioxydante et à la production de composés phénoliques.
L’anthracnose, causée par des champignons du genre Colletotrichum, est considérée comme l’un des ennemis les plus redoutables de l’olivier. Elle entraîne la pourriture des fruits, diminue fortement les rendements et altère la qualité de l’huile.
Les chercheurs ont observé que l’application d’extraits de caroube et de grenade sur des plants d’olivier permet non seulement d’inhiber la germination des spores du champignon, mais aussi de déclencher une réaction de défense interne de la plante. Ces extraits naturels favorisent en effet la production d’enzymes antioxydantes et de composés phénoliques, renforçant ainsi la résistance de l’arbre face à l’infection.
L’un des apports majeurs de cette étude réside dans la démonstration du potentiel bioprotecteur de ces extraits végétaux. En réduisant de manière significative l’incidence de la maladie — jusqu’à 35 % dans les premiers essais —, les chercheurs proposent une approche écologique et durable, susceptible de limiter l’usage des fongicides chimiques souvent nocifs pour les sols et les écosystèmes. Cette stratégie s’inscrit pleinement dans la dynamique actuelle de la transition agroécologique, qui vise à conjuguer productivité et respect de l’environnement.
Si ces résultats sont encore au stade expérimental, ils ouvrent des perspectives prometteuses pour la mise au point de biopesticides naturels à usage agricole. Les chercheurs appellent à renforcer la coopération entre les laboratoires de recherche, les agronomes et les producteurs, afin de traduire ces découvertes en applications concrètes sur le terrain.
Cette approche innovante démontre qu’en s’inspirant de la biodiversité méditerranéenne, il est possible de réinventer la protection des cultures — non plus contre la nature, mais avec elle.
Nouhad Ourebzani