Choix de centres pour administrer les médicaments innovants en 2019 : Incompréhension des oncologues

La prise en charge des malades atteints de cancer a connu une avancée significative ces dix dernières années, avec la multiplication des centres de chimiothérapie. Aujourd’hui, les professionnels ainsi que les patients sont dubitatifs sur la décision des autorités sanitaires de réserver les médicaments innovants qui vont arriver en 2019 aux patients soignés dans seulement trois centres à l’échelle nationale.

Ce sentiment a été très largement partagé en marge de la 10ème édition du congrès « Oncology Meeting » sur le cancer du sein, des poumons et de la prostate tenu aujourd’hui, à l’hôtel El Djazaïr, à Alger. Le président de la Société algérienne de formation et de recherche en Oncologie (SAFRO), Pr Adda Bounedjar a insisté sur la nécessité de mettre à la disposition de tous les malades atteints de cancer les médicaments innovants.

De son côté, le Pr Adda a dit que « le ministère de la Santé consacrera trois centres à travers le territoire national (centre, est et ouest) au traitement par des médicaments innovants, ce qui privera de nombreux malades atteints de cancer en ces médicaments à cause des difficultés inhérentes au déplacement jusqu’à ces centres pour traitement ». «Le traitement innovant n’a pas sa place s’il n’est pas à la disposition du patient », a-t-il lâché.

Le président de la SAFRO a fait savoir que « le coût de ses traitements innovants oscille entre 20.000 et 100.000 euros par an pour chaque patient ».

Le ministère de la Santé avait enregistré, en janvier 2018. Ces traitements innovants devront entrer au marché national, début 2019. La contrainte est leur prescription au niveau de trois centres nationaux uniquement, regrettent les praticiens. « Cette décision est contraire aux instructions du président de la République, Abdelaziz Bouteflika qui avait appelé en 2012 à la nécessité de rapprocher la santé du citoyen », a-t-il ajouté.

Le professeur Adda Bounedjar a préconisé la création de commissions régionales regroupant tous les chefs de services des centres et des hôpitaux de prise en charge de traitement du cancer pour discuter et trouver une solution à cette question et arriver à un consensus sur la manière de fournir le traitement innovant aux malades.

Plus de 500 experts algériens et maghrébins ont pris part à cette dixième édition qui fera de nouvelles recommandations en matière de prise en charge du cancer et permettra l’échange d’expérience, le renforcement de la formation continue et la découverte des nouveautés dans le domaine médical.

Notons qu’après 10 ans d’efforts, l’Algérie a pu régler le problème de la chimiothérapie grâce à l’ouverture de centres spécialisés à Tizi Ouzou, à Blida (deux centres), à Sidi Ghiles, dans la wilaya de Tipasa, à Rouiba, Beau Fraisier, dans la wilaya d’Alger, quatre à l’Ouest et deux à Constantine. La question qui se pose dès lors est de savoir quels sont les critères sur lesquels l’administration se base pour qualifier un centre de référence en la matière et pas un autre.

 

Tinhinane B.

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