Une étude qualitative éclaire les bénéfices du coaching entre médecins pour améliorer la supervision des étudiants en médecine.
Dans les hôpitaux et les services cliniques, les médecins ne sont pas seulement des soignants : ils sont aussi des formateurs. À travers leurs interactions quotidiennes avec les étudiants et internes, ils jouent un rôle clé dans la transmission du savoir médical. Mais qui forme ces formateurs ? Et comment les aider à mieux encadrer leurs jeunes collègues ? Une étude publiée en juillet 2025 dans la revue BMC Medical Education explore une piste prometteuse : le coaching entre pairs.
Réalisée à partir d’entretiens semi-directifs menés auprès de 13 médecins ayant participé à un programme de coaching par les pairs dans trois hôpitaux néerlandais, l’étude met en lumière les effets positifs de cette approche sur le développement professionnel des superviseurs cliniques.
Contrairement à la formation traditionnelle, souvent descendante, le coaching entre pairs repose sur l’échange, l’écoute active et la réflexivité. Chaque médecin coaché est invité à choisir un sujet en lien avec sa pratique de supervision (gestion des conflits, feedback aux étudiants, gestion de l’autorité…) et à travailler dessus avec un collègue formé au coaching.
Les témoignages recueillis révèlent que le coaching aide les médecins à mieux comprendre leur propre style de supervision, à identifier leurs points faibles et à oser expérimenter de nouveaux comportements. Certains évoquent une prise de conscience marquante : « Je n’avais jamais remarqué à quel point j’étais directif avec les étudiants », confie l’un des participants.
Ce processus d’introspection, souvent absent des formations classiques, s’avère précieux pour sortir des routines et faire évoluer les pratiques pédagogiques. Plus qu’une simple amélioration technique, les médecins parlent d’un véritable changement d’état d’esprit : plus d’ouverture, plus d’écoute, et plus de respect de l’autonomie des apprenants.
Le succès du coaching repose toutefois sur un ingrédient essentiel : la confiance entre pairs. Le médecin coach doit adopter une posture non jugeante et bienveillante, loin de toute évaluation hiérarchique. Cette relation horizontale permet une parole plus libre, plus authentique, qui favorise les prises de conscience profondes.
L’étude note également que le coaching entre pairs est d’autant plus efficace qu’il s’inscrit dans un cadre institutionnel clair, avec un temps dédié et une reconnaissance formelle de l’engagement des participants.
Alors que la qualité de la supervision clinique est un enjeu majeur pour la formation médicale, le coaching entre pairs apparaît comme une solution innovante, souple et peu coûteuse. Mais il reste aujourd’hui peu répandu, faute de sensibilisation, de formation des coachs, ou de soutien institutionnel.
Les auteurs de l’étude plaident pour une intégration plus systématique de cette méthode dans les hôpitaux universitaires, afin de mieux accompagner les médecins dans leur double mission de soignant et de pédagogue.
Nouhad Ourebzani