Dépistage du cancer du sein : un levier mondial pour sauver des vies

Dans de nombreux pays, les programmes de dépistage organisé du cancer du sein par mammographie ont montré un impact tangible : une réduction moyenne de 20 à 30 % de la mortalité chez les participantes par rapport à celles qui ne prennent pas part aux examens. Ces résultats, confirmés par des études à long terme, rappellent que la détection précoce demeure l’une des armes les plus efficaces contre cette maladie, qui reste la première cause de cancer chez la femme à l’échelle mondiale.

Le principe repose sur un dépistage systématique, généralement proposé aux femmes à partir de 50 ans, avec une extension progressive vers la tranche 45-74 ans. L’efficacité dépend fortement de la qualité de l’organisation : invitations personnalisées, matériel fiable, double lecture des images, et suivi rigoureux des résultats. Lorsque ces standards sont appliqués, le dépistage permet de diagnostiquer la maladie à un stade où les chances de guérison sont nettement plus élevées et où les traitements peuvent être moins lourds.

Mais cette stratégie a ses limites. Dans les pays où la participation reste faible, son impact global s’en trouve réduit. De plus, certaines catégories de patientes, notamment celles ayant un tissu mammaire dense, ne bénéficient pas pleinement de la mammographie classique : les lésions peuvent passer inaperçues, retardant le diagnostic. Dans ces cas, l’ajout de techniques comme l’IRM ou l’échographie mammaire est recommandé, bien que leur coût et leur disponibilité restent des obstacles dans de nombreuses régions.

Autre point crucial : le risque de surdiagnostic. Comme tout dépistage de masse, la mammographie peut détecter des tumeurs qui n’auraient jamais évolué vers une forme menaçante, exposant les patientes à des traitements inutiles et à un stress psychologique important. Les experts insistent sur la nécessité d’informer clairement les femmes sur les bénéfices et les risques, afin qu’elles puissent prendre une décision éclairée.

À l’échelle mondiale, la mise en place d’un programme efficace nécessite plus que des équipements : il faut une infrastructure médicale solide, une formation spécialisée, des campagnes de sensibilisation massives et une confiance durable entre la population et les institutions de santé. Là où ces conditions sont réunies, les chiffres parlent d’eux-mêmes : plusieurs décès peuvent être évités pour chaque millier de femmes dépistées, ce qui représente des milliers de vies préservées chaque année.

Dans un contexte où les disparités d’accès aux soins persistent, le dépistage du cancer du sein est à la fois une promesse et un défi. Sa réussite repose sur une approche sur mesure, adaptée aux réalités locales, capable de conjuguer l’exigence scientifique avec l’accessibilité, et l’efficacité médicale avec le respect des choix individuels.

Amina Azoune