Enquête sur la prise en charge du diabète : le suivi diabétologique ne répond pas aux critères internationaux

Les médecins traitants ne doivent absolument pas se contenter de renouveler de manière automatique les prescriptions médicales lorsqu’il s’agit de maladies chroniques dont le diabète. Ce geste machinal doit s’effacer face à la nécessité d’adapter le traitement au malade selon l’évolution de sa pathologie. C’est le souhait de la société algérienne de diabétologie à travers son président, le professeur Mourad Semrouni qui a pris part à une enquête nationale sur la prise en charge des personnes diabétiques. Une enquête qui fait ressortir une « inertie thérapeutique » dans « l’échec thérapeutique » des patients diabétiques et qui met en avant la lutte contre cet état de fait, recommandant par la même occasion le développement de l’éducation thérapeutique des patients atteints de diabète. Selon cette enquête réalisée dans le cadre du projet « Baromètre » entre 2013 et 2017, ces deux aspects « doivent constituer un souci permanent de tous les professionnels de santé et être envisagés à tout âge et à n’importe quel stade de la maladie ». Ce travail a également servi pour défendre la disponibilité et le remboursement des nouvelles molécules hypoglycémiantes reconnues comme traitement majeur dans la prise en charge personnalisée du diabète par les sociétés savantes. Pour le professeur Mourad Semrouni, « l’inertie thérapeutique s’explique par la négligence observée dans le contrôle de la maladie que ce soit par les médecins traitants ou par les malades eux-mêmes », relevant que face au diabète, « les patients sont trop souvent négligents, mais aussi les médecins qui ne doivent plus se contenter de renouveler les prescriptions médicales ». Ce spécialiste membre de l’équipe qui a réalisé l’enquête affirme que « les médecins doivent opter pour un traitement personnalisé. Ce traitement doit être revu et adapté à chaque fois ». IL est regrettable de constater que le suivi diabétologique « ne répond pas aux critères internationaux » comme l’ont fait remarque les auteurs de cette enquête qui a été lancée afin de pouvoir évaluer et  comparer la qualité de la prise en charge du diabète à travers un ensemble d’indicateurs de performance standardisés tels que définis par la Fédération internationale du diabète (FID). Ils ont déploré le fait que les nouvelles molécules neutres sur la prise de poids ou permettant une perte de poids fassent défaut dans les officines ou qu’elles ne soient pas remboursables, ce qui selon eux « constitue un frein à l’amélioration de l’équilibre glycémique ». Pour les professionnels de la santé, l’accroissement rapide de la prévalence de l’obésité au sein de la population constitue « une urgence de santé publique » qui doit bénéficier de mesures gouvernementales rapides. Il y a lieu de mentionner que cette enquête réalisée pour le compte du ministère de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière a pour objectif d’étudier le lien entre la qualité de la prise en charge du diabète, la fréquence et la progression des complications micro et macrovasculaires, déterminer les facteurs favorisant l’amélioration de la qualité de vie des patients diabétiques, et pour évaluer l’impact de l’éducation thérapeutique. En termes de chiffres, les résultats de cette enquête qui concernent 14.609 patients atteints d’un diabète de type 2 (DT2 ) et répartis entre 23 centres du Baromètre, montrent que la gente féminine est plus touchée avec 61% et qu’il existe un problème de surcharge pondérale chez 41,2% des patients. Il ressort également que 63% des patients ont des antécédents familiaux de diabète, que 36,1% ont des antécédents de maladies cardiovasculaires et que 80% de ces malades présentent une hypertension artérielle (HTA) élevée et/ou une HTA connue. Près des 2/3 de la population (64,6%) présentent un déséquilibre glycémique, alors que plus de 90% des patients chez lesquels un bilan lipidique a été pratiqué ont présenté un bilan perturbé, selon l’enquête qui précise que 40% des patients n’ont aucun bilan lipidique. On apprend à travers ce travail que le traitement est majoritairement à base d’antidiabétiques oraux (ADO) et que ces derniers ont été prescrits chez 85,4% des patients.

Nadia Rechoud

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