Journée mondiale des MICI: Certains facteurs environnementaux pointés du doigt
Environ 10 millions de personnes dans le monde souffrent de la maladie de Crohn ou de la rectocolite hémorragique. Pas moins de 8000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année avec un pic de diagnostic entre 15 et 35 ans, 1 cas est diagnostiqué toutes les heures et 20% sont des enfants.
En ce 19 mai 2023, Journée mondiale des MICI (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin), une halte s’impose pour évoquer ces 2 maladies digestives incurables.
C’est autour du slogan « « Environnement déréglé, intestins en danger ? » que tourneront les campagnes de sensibilisations organisées pour l’occasion à travers la planète.
Au-delà du fait de mieux faire connaître ces deux pathologies graves, le thème choisi pour année suggère qu’il est possible d’agir en amont pour limiter au maximum les risques de survenue ou d’aggravation de la maladie.
Concernant la maladie de Crohn, c’est une maladie inflammatoire chronique du tube digestif qui « provoque une inflammation et un épaississement de la paroi, ainsi que des ulcères et, parfois, des fissures et des perforations. Ces lésions peuvent affecter l’ensemble du tube digestif, de l’œsophage au rectum ». La maladie de Crohn évolue par poussées qui peuvent s’étendre sur plusieurs semaines, idem pour les périodes de rémission qui peuvent durer quelques semaines, mois ou années.
Lors des poussées, les symptômes de la maladie se traduisent par des diarrhées, douleurs, nausées, vomissements… Lorsque ces périodes de crises se prolongent dans le temps, elles entrainent une fatigue, une anémie et une importante perte de poids.
La rectocolite hémorragique est une « maladie inflammatoire chronique du gros intestin et du rectum. Elle provoque une inflammation, des ulcères et une fragilité de la partie la plus superficielle de la paroi interne du côlon et du rectum ». Cette pathologie qui évolue, elle aussi, par poussées s’accompagne de symptômes comme une fatigue, des douleurs au ventre, une envie très fréquente d’aller aux toilettes (jusqu’à 20 fois par jour), souvent sans résultat, une perte de poids…
Pour revenir au thème de cette journée, il faut savoir, qu’outre « le facteur génétique de prédisposition à la maladie associé à une anomalie du système immunitaire intestinal liée à un déséquilibre du microbiote », déjà identifié dans les causes de ces deux pathologies, on estime également que les facteurs environnementaux -dont certains peuvent remonter à la petite enfance- ont aussi leur part de responsabilité car ils jouent un rôle dans l’altération de la qualité et le fonctionnement du microbiote. Parmi ces facteurs, on peut citer l’usage d’antibiotiques durant la prime enfance, l’hygiène infantile, l’infection par Helicobacter pylori mais aussi l’allaitement maternel, ce dernier offrant une protection de 50 % vis-à-vis de ces deux pathologies, sans oublier la pollution de l’air,…
Pour ce qui est des facteurs environnementaux incriminés à l’âge adulte, il y a le tabac, les AINS (Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens) et les contraceptifs oraux.
Il est à noter que dans le cas de ces pathologies, les spécialistes estiment que la prévention passe par une alimentation saine, riche en fibres. Ces dernières ainsi que polyphénols contenus dans certains aliments peuvent avoir « impact positif sur le microbiote en le nourrissant et en favorisant la diversité des bactéries présentes », ceci, contrairement à « une alimentation ultra-transformée qui conduit à un microbiote dysbiotique avec une perte de diversité microbienne. Les agents émulsifiants, une classe d’additifs alimentaires très largement utilisés dans l’agroalimentaire, peuvent ainsi tuer des bactéries bénéfiques et favoriser la colonisation de mauvaises bactéries ». Dans une étude publiée en 2021, dans le BMJ3, le Pr Benoît Chassaing, directeur de recherches à l’Inserm a été démontré qu’une « consommation plus élevée d’aliments ultra-transformés est associée à un risque plus élevé de MICI ». L’alerte est donc donnée.
Hassina Amrouni