Contrairement aux déclarations du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Mokhtar Hasbellaoui, qui avait affirmé dimanche, dernier auprès des parlementaires, que le nouveau projet de loi sur la santé consacrait « clairement » la gratuité des soins, l’expert dans les affaires sociales et le syndicaliste Bouderba Noureddine a estimé « que ce projet de loi a pour effet de mettre fin à la gratuité de la médecine »
Ses arguments reposent sur le fait que notre pays est déjà devancé par des pays de la région en matière de vaccination. Il précise qu’en 2015, la couverture vaccinale des enfants, contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche est de 95 % en Algérie, alors qu’elle a dépassé les 98% en Tunisie, au Maroc, en Jordanie, au Rwanda etc…
Et de souligner en outre, qu’en 2017-2018 cet indicateur s’est davantage dégradé et « la vaccination elle-même semble s’orienter vers la discrimination » Il explique dans sa contribution présentée au siège du Syndicat national des praticiens de santé publique SNPSP, que les vaccins sont introuvables dans les services de la protection maternelle et infantile (PMI). Mais ces derniers sont pourtant disponibles et proposés à 8000 Da chez les pédiatres privés.
Cette discrimination et cette tendance à favoriser le secteur privé au détriment du secteur public sont clairement définies dans le projet de la loi sanitaire. Ce dernier précise l’expert, vise à consacrer, définitivement, par le texte le désengagement de l’état et l’abandon la médecine gratuite. La preuve, cette volonté de désengagement de l’Etat est inscrite dans les articles 134 à 348 dans ledit projet .l’article 343 stipule clairement que les obligations de l’Etat en matière de financement du système de santé national se limitent « aux actions de prévention, aux soins de bases , aux soins urgences , et des personnes en difficultés , aux programmes de santé , à la formation médicale des professionnels de la santé et à la recherche médicale » Et l’article 348 le complète en stipulant que « les bénéficiaires de soins peuvent être appelés à contribuer au financement des dépenses de la santé ». Bouderba précise également qu’il est indiqué dans le texte que la sécurité sociale, les ménages et les collectivités locales sont appelés à une « plus grande contribution » au financement du système national de santé. Or affirme-t-il, les collectivités locales font face à une véritable crise financière. Et d’ajouter que la sécurité sociale est au bord de l’explosion en raison de la faiblesse de ses recettes. Quant aux ménages 80% d’entre eux consacrent 50 % de leurs dépenses aux seuls produits alimentaires. Et de conclure, ces derniers ne pourront pas faire face à un surplus de dépenses en matière de santé.
Khdaouadj Nedjari