Se baigner n’est pas seulement un plaisir d’été. C’est un acte qui engage le corps entier : peau, respiration, circulation, système nerveux. Mer, rivière, lac, hammam ou cascade — l’eau en mouvement a toujours été perçue comme un élément purificateur, symbole de santé, de renouveau. Aujourd’hui, la science confirme ce que les traditions savaient déjà intuitivement : l’eau apaise, soigne, rééquilibre.
L’immersion dans un environnement aquatique déclenche une cascade de réactions physiologiques positives. D’abord, la pression hydrostatique améliore le retour veineux et soulage les jambes lourdes, un mal fréquent en été. Ensuite, la température de l’eau — plus fraîche que le corps — stimule la circulation sanguine et favorise la thermorégulation. Enfin, le contact direct avec l’eau induit une libération d’endorphines, réduisant le stress et l’anxiété.
La mer offre en plus une richesse ionique rare : magnésium, iode, potassium, sodium. Inhalés ou absorbés par la peau, ces éléments participent à la détente musculaire, la cicatrisation cutanée et au rééquilibrage de certains systèmes hormonaux. Des études menées en Espagne et au Royaume-Uni ont même montré que les personnes vivant à moins d’un kilomètre de la mer ont un meilleur état de santé global, toutes pathologies confondues.
En Algérie, malgré plus de 1 200 kilomètres de côtes, le rapport à la mer reste inégal. Pour beaucoup, la baignade se limite aux vacances ou à des plages très fréquentées, parfois polluées. Pourtant, le pays abrite aussi de nombreux lacs intérieurs, rivières de montagne, cascades naturelles qui pourraient jouer un rôle dans une approche préventive de la santé. À condition de protéger ces lieux, de les rendre accessibles, et de sortir d’une vision purement touristique.
Les bienfaits de l’eau ne s’arrêtent pas à la baignade. Simplement marcher au bord de l’eau, écouter son bruit, sentir l’humidité et la fraîcheur a un impact direct sur notre système nerveux. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la thérapie bleue (blue therapy), une branche émergente de la santé environnementale qui s’intéresse aux effets des milieux aquatiques sur la santé mentale et émotionnelle.
Dans un pays comme l’Algérie, marqué par le stress urbain, les fortes chaleurs et la sédentarité, l’eau pourrait devenir un levier thérapeutique naturel, à la fois accessible, peu coûteux et culturellement familier. Mais cela suppose une volonté de sortir l’eau du domaine du loisir pour la réinscrire dans celui de la santé publique.
Se baigner, marcher au bord d’un lac, ou simplement tremper les pieds dans un oued, c’est déjà reconnecter le corps à un rythme ancien, à une mémoire sensorielle oubliée. Un acte simple, vital, régénérant. Comme un retour au soin par les éléments.
Ouiza Lataman