Manger sur le pouce, sans prendre le temps d’apprécier notre repas car pressés, absorbés par le travail ou par un film à la télé, est mauvais pour notre santé. C’est ce que fait savoir le Dr Sarah Berry, experte en nutrition et en santé cardio-métabolique au King’s College de Londres.
Intervenant sur la BBC, la spécialiste précise que « manger rapidement ou lentement modifie, non seulement, la vitesse à laquelle les aliments pénètrent dans l’estomac, mais aussi la vitesse à laquelle ils pénètrent dans le tractus gastro-intestinal », expliquant encore que « cela a un effet domino sur la libération d’un grand nombre d’hormones qui vous disent si vous êtes rassasié, si vous avez faim, et qui sont également impliquées dans la façon dont votre corps va traiter les aliments ».
Selon le Dr Berry, notre poids est lié à la vitesse à laquelle nous terminons notre assiette. Et l’une de ces différences est que les personnes qui mangent vite sont souvent en surpoids, accumulent davantage de graisse abdominale et ont un taux élevé de LDL (mauvais cholestérol). En mangeant rapidement, nous avons tendance à manger entre 100 et 200 calories supplémentaires, ce qui, multiplié par chaque repas, contribue à une rapide prise de poids. En revanche, manger lentement, favorise, « une augmentation de ce que nous appelons les hormones de la satiété (PYY, GLP1) qui indiquent à votre corps qu’il est rassasié », atteste la nutritionniste. Nous constatons également « une réduction des hormones de la faim (ghréline), ce qui limite l’envie de manger davantage », note-t-elle.
D’aucuns se demandent comment un même repas peut avoir un impact différent sur l’organisme, seulement en modifiant la vitesse d’ingestion ?
Pour le Dr Sarah Berry, il y a deux raisons à cela. La première étant que les signaux de satiété parviennent à notre cerveau au bout de 5 à 7 minutes. Or, si nous mangeons trop vite, les signaux n’ont pas le temps de parvenir à notre cerveau et donc nous continuons à manger, sans nous rendre compte que nous avons assez mangé.
Par contre, en mangeant lentement, « la libération des nutriments dans l’intestin est plus lente, ce qui signifie qu’il y a une libération plus soutenue et plus prolongée des hormones qui vous disent que vous êtes rassasié et une suppression plus prolongée des hormones de la faim qui vous disent de manger ».
Il faut avoir que, lorsque nous mangeons rapidement, « les glucides stimulent la libération d’insuline, mais l’insuline n’est pas libérée assez rapidement pour éliminer le glucose de la circulation sanguine », ce qui, avec le temps, et en raison des pics importants de glycémie, augmente les risques de diabète de type 2, de complications vasculaires et d’autres complications métaboliques, note la spécialiste.
Aussi, préconise-t-elle, à toutes les personnes qui ont tendance à manger rapidement, à changer leurs habitudes, même si cela n’est pas facile, au début. Pour y arriver, elle conseille, par exemple, de reposer les couverts sur l’assiette entre deux bouchées, de faire l’effort conscient de mâcher plus lentement les aliments et de réduire aussi les quantités d’aliments ultratransformés –dont la texture, plus molle, a tendance à être plus rapidement ingurgitée- au profit d’aliments plus sains.
Synthèse Hassina Amrouni