L’activité physique protège le cœur — mais davantage chez les femmes

Une étude publiée le 27 octobre 2025 dans Nature Cardiovascular Research apporte un éclairage inédit sur les différences entre femmes et hommes face à l’activité physique. Son titre, « Sex differences in the association of wearable accelerometer-derived physical activity with coronary heart disease incidence and mortality », résume à lui seul l’enjeu : à effort égal, les femmes tirent davantage de bénéfices cardiaques que les hommes.

Dirigée par Jing Chen, Yifan Wang et Zhen Zhong, l’étude s’appuie sur les données de la UK Biobank, l’une des plus grandes cohortes de santé au monde. Des dizaines de milliers de participants ont porté des accéléromètres au poignet, permettant de mesurer précisément la quantité et l’intensité de leurs mouvements quotidiens. Les chercheurs ont ensuite comparé ces données au risque de développer une maladie coronarienne ou d’en mourir.

Les résultats sont frappants : chez les femmes, l’activité physique est associée à une réduction du risque de maladie cardiaque beaucoup plus marquée que chez les hommes. En moyenne, 250 minutes d’activité modérée à soutenue par semaine suffisent aux femmes pour diminuer leur risque d’environ 30 %. Chez les hommes, il faut plus du double — environ 530 minutes hebdomadaires — pour obtenir un effet comparable.

La tendance se confirme même chez les personnes déjà atteintes de maladie coronarienne : les femmes actives présentent une mortalité significativement plus faible que les hommes pratiquant le même niveau d’exercice.

Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses : les effets protecteurs des œstrogènes sur le système vasculaire, des différences métaboliques et musculaires, ou encore une meilleure régularité de l’activité chez les femmes.

Au-delà des causes biologiques, cette étude remet en cause l’approche universelle des recommandations en matière d’exercice. Les seuils actuels — 150 minutes d’activité modérée ou 75 minutes d’activité intense par semaine — sont identiques pour tous les adultes. Or, ces résultats suggèrent qu’une approche différenciée selon le sexe serait plus adaptée à la prévention cardiovasculaire.

Les auteurs restent prudents : il s’agit d’une étude observationnelle, qui établit des corrélations mais pas de causalité. De plus, la cohorte britannique, majoritairement blanche, ne permet pas de généraliser à d’autres populations.

Malgré ces limites, le message est clair : bouger, c’est protéger son cœur. Et pour les femmes, un peu d’activité semble déjà beaucoup. Marcher, jardiner, danser ou faire du vélo quelques heures par semaine peut suffire à renforcer durablement la santé cardiovasculaire.

Nouhad Ourebzani