Au cours d’une manifestation scientifique organisée à l’hôtel Hyatt Regency et qui a réuni un grand nombre de pédiatres et spécialistes de la santé, les laboratoires Biocare Biotech ont dévoilé leur dernier produit : la Normotrope. En marge de ce grand événement, des thèmes liés au « Déficit en GH, syndrome de Turner, retard de croissance intra utérin, insuffisance rénale chronique de l’enfant » ont été débattus par les endocrinologues.
A cette occasion, Esseha.dz s’est rapproché de plusieurs spécialistes participant à l’événement pour plus de détails sur cette hormone de croissance.
Saluant l’organisation de cette journée scientifique qui a permis aux spécialistes d’« actualiser leurs connaissances », le Dr Imen Belabbas, chargée de la direction pharmaco-économique au niveau de la direction générale de la production pharmaceutique au Ministère de l’industrie et de la production pharmaceutique, a noté, à propos l’hormone de croissance, lancée par les Laboratoires Biocare Biotech qu’« il est important de souligner que l’Algérie, grâce aux efforts fournis par le laboratoire, l’Agence nationale des Produits Pharmaceutiques et le Ministère de l’industrie et de la production pharmaceutique, a pu enregistrer une molécule passage à la fabrication locale, un conditionnement secondaire qui a pu régler les problématiques d’approvisionnement (…) et assurer une meilleure disponibilité du produit ».
Le Pr Salih Bendeddouche est revenu, pour sa part, au micro d’Esseha.dz, sur les difficultés de diagnostic du retard de croissance chez l’enfant. Selon le spécialiste, les explorations peuvent se faire au niveau de l’hôpital mais aussi à titre privé mais cette seconde option est très onéreuse, surtout lorsqu’il s’agit d’enfants démunis dont les parents ne sont assurés. « Si on fait les tests dynamiques, l’IGF1 et l’IRM, c’est autour de 40000 DA et si on y ajoute le diagnostic de Turner, il faut rajouter 45000, les frais avoisinent alors les 100 000 DA », a-t-il fait savoir. Aussi, il a appelé les autorités à aider ces patients démunis « pour faciliter cette recherche ». Le Pr Bendeddouche a proposé que ces mêmes autorités « donnent la possibilité à ces enfants d’être assurés, en créant des services spécialisés soit au niveau de la DAS, des hôpitaux ou des structures qui leur sont affiliées pour qu’ils puissent grandir ».
De son côté, le Pr Fadila Bouferoua, chef de service de pédiatrie par intérim au CHU de Beni Messous s’est attardée dans son intervention sur le Canal d’Esseha.dz sur « « la transition chez l’enfant traité par l’hormone de croissance » qui, selon elle, « pose d’énormes problèmes déjà dans le monde et en particulier en Algérie parce que l’organisation n’est pas encore à son maximum ». Aussi, a-t-elle précisé, l’objectif de son intervention était de savoir « comment faire cette transition » ? La spécialiste a avancé, à ce sujet, que le problème se situe au moment où l’adolescent qui n’est plus un enfant mais n’est pas encore adulte est orienté, sans y être préparé, vers un médecin pour adultes quittant ainsi le pédiatre qui le prenait en charge depuis son tout jeune âge. « Il fallait donc créer quelque chose qui peut vraiment aller avec les attentes de cet adolescent (…). A partir de là, nous avons commencé à réfléchir à des spécialités où il y a des consultations de transition avec un pédiatre et le nouveau médecin du patient qui va discuter le dossier de ce patient. Ensuite, on va commencer à préparer cet enfant dès l’âge de 10 ou 11 ans », a-t-elle indiqué. Faciliter cette transition par la communication, l’empathie, la mise en confiance, l’assurance, voilà ce qui, d’après le Pr Bouferoua peut éviter « de perdre de vue ces patients ».
Selon elle, il y a, aujourd’hui, de « très beaux modèles de transition, le premier modèle, c’est celui de la diabétologie où l’adolescent s’est retrouvé dans une consultation de diabète type 2 avec des adultes de plus de 70 ans amputés, ce qui créait la stupéfaction de cet adolescent (…). On a pris la problématique de l’adolescent avec sa maladie et ça a donné de très bons résultats ». Concernant le cas de l’Algérie, la spécialiste a expliqué que « pour les CHU, ça marche plus ou moins bien parce qu’on arrive à avoir des consultations de pédiatrie et des consultations de la spécialité concernée mais le problème se pose encore dans certains hôpitaux où on n’arrive pas à réunir les deux spécialités » et de conclure : « on peut trouver des solutions pour les spécialités où on n’arrive pas à jumeler les deux. C’est-à-dire que ça va être préparé au cas par cas, en fonction des hôpitaux que nous avons et on espère que nous arriverons un jour à la solution optimale pour nos patients ».
Chef de service d’endocrinologie au CPMC, le Pr Safia Mimouni a, quant à elle, exprimé sa grande satisfaction « d’avoir cette hormone validée et testée pour son efficacité et sa sécurité auprès d’autres patients. Nous souhaiterions aussi tout de suite l’utiliser pour la santé de nos enfants et aussi avoir notre propre expérience par rapport à cette nouvelle hormone ». Revenant sur la prescription de cette hormone, le Pr Mimouni a précisé qu’il y a, avant tout « des diagnostics à faire avec précision puisqu’on va injecter une hormone donc on doit non seulement, s’assurer d’un déficit mais de ce qu’elle va apporter comme plus au patient dans les différentes pathologies citées. Donc, il faut faire des tests en milieu hospitalier pour évaluer le déficit en hormones de croissance avant de la prescrire dans les différentes situations dont on a parlé, à savoir le retard de croissance intra-utérin, le déficit en hormone de croissance et les insuffisants rénaux ».
Egalement interrogée par Esseha.dz, en marge de cette journée scientifique, le Pr Soumeya Fedala, chef de service endocrinologie et maladies métaboliques au CHU de Bab-el-oued s’est attardée sur l’intitulé de son intervention, à savoir « les petits poids pour l’âge gestationnel, l’indication de traitement par l’hormone de croissance dans ce cas-là ». Elle a notamment mis l’accent sur l’importance du « dépistage précoce et la mise en route de traitement par l’hormone de croissance parce que le risque d’avoir une petite taille définitive est multiplié par 7 », précisant qu’« il est important de chercher le poids à la naissance » et d’« introduire le traitement parce qu’il améliore le pronostic de façon extraordinaire ». Selon le Pr Fedala, « si, au contraire, on ne donne pas le traitement, ce sont 10 cm en taille finale qui sont perdus chez ce futur adulte ».
La spécialiste est, par ailleurs, revenue sur les indications de traitement par l’hormone de croissance chez l’enfant. « Il faut savoir qu’il y a 5 indications officielles que tout médecin appelé à prendre en charge un enfant doit connaître pour pouvoir orienter un enfant atteint de petite taille vers la consultation spécialisée ». Ces indications sont « le déficit en hormone de croissance, le syndrome de Turner qui est une pathologie chromosomique spécifique, l’insuffisance rénale, le retard de croissance intra-utérin et le syndrome de Prader-Willi » et d’ajouter pour conclure « il y a d’autres indications potentielles mais elles ne sont pas officielles et elles n’ont pas encore reçu l’AMM. Dans ces indications, lorsqu’on entreprend le traitement, le pronostic en terme de taille définitive est excellent donc il ne faut pas leur faire perdre le bénéfice de ce traitement miraculeux qui améliore le retard statural chez ces enfants ».
Hassina Amrouni