L’ARNm : De l’Obscurité au Nobel, une Révolution Médicale en Marche

Qu’attendre des technologies à ARNm à l’avenir ? C’est une interrogation cruciale que la revue Nature a posée à plusieurs chercheurs de renom, au lendemain de l’attribution du prix Nobel de médecine à Katalin Kariko et Drew Weissman, récompensés à juste titre pour leur travaux sur cette molécule qui a fini par susciter des milliards d’investissements pour approfondir ses potentiels thérapeutiques.

Selon Norbert Pardi, spécialiste des vaccins à l’université de Pennsylvanie à Philadelphie, qui a collaboré avec Drew Weissman, « l’adaptabilité et la simplicité de production des vaccins à ARN messager ouvrent de nombreuses perspectives ». En effet, cette technologie permet de réagir rapidement en cas d’épidémie due à des variants de virus, que ce soit la grippe ou le redoutable Sars-CoV-2, à l’origine du Covid-19.

Ce qui rend l’ARNm particulièrement fascinant, selon Nature, c’est sa capacité à lutter contre des agents pathogènes qui ont jusqu’à présent résisté à toute forme de vaccin. C’est le cas du cytomégalovirus (CMV), un virus de la famille des herpèsvirus, responsable de malformations chez les nourrissons et d’infections potentiellement mortelles chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Après cinquante ans de recherche infructueuse, les premiers résultats d’essais cliniques d’un vaccin à ARNm contre le CMV sont prometteurs, ouvrant la voie à l’éradication d’une menace longtemps impénétrable.

Derrick Rossi, directeur général par intérim de la New York Stem Cell Foundation et cofondateur de Moderna, souligne que l’ARNm permet aux chercheurs de développer des vaccins anticancéreux ciblant simultanément de multiples antigènes à la surface des cellules cancéreuses. Cette avancée promet une nouvelle ère dans la lutte contre le cancer.

Pourtant, l’ARNm ne se limite pas aux vaccins. Sa nature éphémère, correspondant au « plan de fabrication » à usage unique d’une protéine, présente des avantages pour d’autres types de traitements. Par exemple, il est utilisé dans l’édition du génome avec l’outil Crispr-Cas9, minimisant ainsi les risques de modifications involontaires de l’ADN.

Lior Zangi, chercheur étudiant les thérapies à base d’ARNm pour la régénération cardiaque à l’école de médecine Icahn de l’hôpital Mount Sinai, à New York, est enthousiaste quant aux possibilités qui s’ouvrent : « On peut sérieusement envisager que cela permettra le développement de nouveaux traitements pour toutes sortes de maladies. C’est ça, l’avenir ! »

En somme, l’ARNm a déjà accompli des prouesses remarquables, des vaccins aux traitements potentiellement révolutionnaires. Son histoire ne fait que commencer, et son potentiel semble illimité. La science médicale continue de s’appuyer sur cette technologie révolutionnaire pour façonner un avenir plus sain pour tous.

Amina Azoune

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