Pendant des décennies, la science a véhiculé l’idée que le cerveau humain cessait de produire de nouveaux neurones après l’enfance. Cette conception est aujourd’hui définitivement remise en question. Une équipe de chercheurs du prestigieux Karolinska Institutet en Suède a démontré, dans une étude publiée début juillet 2025 dans la revue Science, que le cerveau adulte continue de générer chaque jour de nouvelles cellules nerveuses, en particulier dans l’hippocampe — région essentielle à la mémoire, à l’apprentissage et à l’équilibre émotionnel.
À travers l’analyse de tissus cérébraux provenant de personnes âgées de quelques mois à près de 80 ans, les scientifiques ont identifié des cellules souches neuronales actives et des neurones immatures dans la zone sous-granulaire du gyrus dentelé. Cette région apparaît ainsi comme un véritable « réservoir cellulaire », conservant son activité proliférative tout au long de la vie.
L’étude, fondée sur des techniques de pointe — séquençage ARN à noyau unique, cytométrie en flux et analyse par intelligence artificielle — vient trancher un débat vieux de plusieurs décennies sur l’existence de la neurogenèse adulte. Et elle apporte bien plus qu’une réponse biologique : elle bouleverse notre compréhension du vieillissement cérébral.
Les implications sont majeures. Si le cerveau est capable de produire de nouveaux neurones jusqu’à un âge avancé, cela signifie qu’il conserve une forme de plasticité et de régénération, y compris face aux agressions du temps, du stress ou de la maladie. Ce processus naturel pourrait même être modulé, amplifié ou réactivé.
Les chercheurs soulignent que certains facteurs de mode de vie — activité physique, sommeil réparateur, stimulation cognitive, alimentation équilibrée — semblent favoriser la neurogenèse. À l’inverse, la sédentarité, le stress chronique ou certaines pathologies dégénératives peuvent inhiber cette dynamique.
À une époque où la longévité ne cesse de progresser, cette découverte ouvre des perspectives nouvelles : et si la vieillesse n’était pas synonyme de déclin, mais d’un cerveau en constante adaptation, capable de se reconstruire et d’apprendre, jusqu’à la fin ?
En révélant que l’esprit humain conserve, en profondeur, une capacité de renouvellement, cette étude transforme notre regard sur la mémoire, la résilience mentale, et même la possibilité de prévenir des maladies comme Alzheimer ou la dépression. Le cerveau adulte n’est pas figé : il continue de renaître, neurone après neurone.
Nouhad Ourebzani