« Le SIDA a emporté Fadéla après une transfusion de sang contaminé en France »

« Ma défunte sœur était l’une des victimes de la fameuse affaire de sang contaminé qui a eu lieu en France au début des années 80 » se souvient avec tristesse Hayet qui affirme être marquée à tout jamais par ce drame. La jeune Fadéla s’était mariée quelques années plus tôt et était restée chez ses beaux-parents pendant que son époux vivait en Hexagone où il travaillait. « Elle se disait malheureuse de vivre séparée de son conjoint même s’il s’agissait d’un mariage arrangé. Sa place était aux côtés de son mari, et c’est ainsi que notre père l’a mis devant ses responsabilités lors d’une de ses visites à sa famille en Algérie, plus précisément dans un village de Kabylie ». L’injonction du père a porté ses fruits et Fadéla a pu ainsi partir avec son mari dans ce pays que l’on faisait miroiter à cette époque aux jeunes filles en âge de se marier et dont beaucoup rêvait. Hélas, ce n’était pas le rêve pour la jeune femme. Du moins, son rêve s’est fracassé dans les dédales d’un hôpital où elle a été admise après une fausse couche. « Elle a dû subir une transfusion sanguine pour remplacer tout le sang qu’elle a perdu, et c’est là le drame. Au début, rien ne laissait croire que ma sœur allait avoir un tel sort, l’affaire n’avait pas encore éclaté ». Et pour son malheur, elle est revenue au pays pour ne plus en repartir. « Son mari l’a ramenée chez nous en lui faisant croire que c’était pour une convalescence et qu’il allait la récupérer à la fin des vacances d’été. Apparemment, leur vie de couple ne convenait pas à cet homme, mais il n’a pas eu l’honnêteté de le dire à sa femme. Il n’est jamais revenu et n’a pas tardé à la répudier ». Comme si cela ne suffisait pas, la santé de Fadéla se dégradait au fil du temps. Personne n’avait une idée précise du mal qui la rongeait. « Le diagnostic est venu sous la forme d’un nom dont on commençait à peine à entendre parler, le SIDA ». Le fait d’avoir regagné le pays a défavorisé la jeune femme du point de vue de ses droits, et la maladie était quasiment mortelle. « Elle s’est éteinte en janvier 1987 » se remémore Hayet, les yeux embués.

Nadia Rechoud

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