L’écothérapie, une nouvelle ordonnance ?

Et si les médecins prescrivaient des balades en forêt au lieu de pilules ? Une heure au bord de la mer plutôt qu’un antidépresseur ? Ce qui semblait utopique il y a quelques années est en passe de devenir une réalité dans plusieurs pays. Bienvenue dans l’ère de l’écothérapie, cette nouvelle forme de soin qui mise sur la nature comme remède.

Au Canada, depuis 2022, les médecins membres du programme PaRx peuvent officiellement prescrire à leurs patients du « temps dans la nature ». Au Royaume-Uni, des expériences similaires sont menées dans le cadre du green social prescribing, qui associe promenade, jardinage, bénévolat écologique et accompagnement psychologique. En Nouvelle-Zélande, les autorités sanitaires intègrent la nature dans les programmes de lutte contre l’isolement et l’anxiété.

Ces approches ne relèvent pas du folklore. Elles s’appuient sur des dizaines d’études montrant que l’exposition régulière à des milieux naturels améliore la santé mentale, réduit la fréquence des consultations, diminue la consommation de médicaments anxiolytiques et même la mortalité prématurée.

L’écothérapie prend des formes variées : marche encadrée en forêt pour des personnes atteintes de troubles anxieux, ateliers de jardinage thérapeutique pour des patients en dépression, activités en plein air pour enfants autistes, balades maritimes pour les personnes âgées souffrant d’isolement… Le point commun : replacer le corps humain dans un écosystème vivant.

En Algérie, le potentiel est immense. Des montagnes de l’Atlas aux forêts de Kabylie, en passant par les zones humides de l’Est et le littoral méditerranéen, la nature pourrait être un levier de santé publique, notamment dans un système de soins sous tension. La prescription de nature ne coûte presque rien, n’a pas d’effets secondaires, et peut s’adapter à tous les âges.

Mais pour que l’écothérapie devienne plus qu’une idée séduisante, elle doit être institutionnalisée : intégrée aux programmes de santé mentale, soutenue par les collectivités, encadrée par des professionnels formés, et reconnue par les systèmes de soins.

Cela suppose aussi une redéfinition de la prévention. Ne plus attendre que la maladie survienne pour réagir, mais agir en amont, en renforçant la résilience psychique, le bien-être émotionnel et le lien social. La nature, dans cette optique, devient un allié discret mais puissant.

Et si demain, sur votre ordonnance, on lisait :

« 2 heures de marche lente en forêt de Chréa, 1 fois par semaine, pendant 3 mois. À renouveler si soulagement constaté. »

Ce ne serait pas de la poésie. Ce serait, simplement, de la médecine intelligente.

Ouiza Lataman