La peur de contracter le virus du SIDA chez le dentiste a longtemps prévalu avant que cette catégorie de spécialistes soient obligés de se doter d’un autoclave pour la stérilisation de leur matériel. Certains d’entre sont eux-mêmes réticents face à un patient qui a le courage de déclarer sa maladie, ils sont d’ailleurs rares à reconnaitre être sidéens. « J’ai reçu un jour un jeune homme qui était accompagné de son père, en dernier recours après avoir été refoulé d’un certain nombre de cabinets » témoigne le docteur B. L., dentiste dans la commune Mohamed Belouizdad. « Le jeune homme tenait à ce que sa maladie soit connue afin que le spécialiste prenne des précautions aussi bien dans son propre intérêt en tant que sidéen pour qu’il soit prémuni de toute complication que dans celui d’autres patients auxquels il faut éviter la contamination. Eh bien, tous ont refusé de traiter sa dent cariée qui le faisait souffrir ». Le docteur B. L. se souvient que le père du malade a commencé à le supplier au premier abord alors que le jeune homme s’est tenu à l’écart, comme un pestiféré. Cette image, il affirme se la remémorer avec beaucoup de douleur. « Je les ai immédiatement rassurés en les assurant que j’allais procéder à la prise en charge de ce jeune homme. Les moyens d’éviter la contamination existent, il suffit de les mettre en pratique. Nous n’avons pas le droit de refuser un malade quelle que soit sa pathologie, nous n’avons pas le droit de le laisser souffrir. Le juger, non plus ». Il faut dire, à propos de ce dentiste, que c’est tout à son honneur, mais il est malheureux pour un malade de se voir accorder une faveur à la place de son droit.
Nadia Rechoud