L’hypertension chez les jeunes : l’alerte discrète d’une nouvelle étude mondiale

Une nouvelle étude publiée dans Hypertension Research (groupe Nature) met en lumière un phénomène encore largement ignoré : l’hypertension artérielle progresse rapidement chez les enfants et les adolescents. Longtemps considérée comme une pathologie de l’adulte, elle gagne désormais les cours d’école, avec des conséquences qui pourraient peser lourd sur la santé publique.

Les données compilées par les chercheurs japonais montrent que l’hypertension pédiatrique n’est plus marginale. Elle touche un nombre croissant de jeunes, parfois dès le primaire, et ses effets sont déjà visibles : atteintes cardiaques, lésions rénales, modification de la structure vasculaire. Ce qui inquiète les scientifiques, ce n’est pas seulement l’apparition de ces signes, mais leur caractère durable : un enfant hypertendu a de fortes chances de rester hypertendu à l’âge adulte, avec un risque accru de maladies cardiovasculaires.

Parmi les principaux facteurs identifiés, l’obésité occupe une place centrale. La progression du surpoids infantile, favorisée par la sédentarité et une alimentation hypercalorique, est étroitement liée à la hausse des niveaux de tension artérielle. Mais un autre élément, moins attendu, apparaît également : l’asthme. Selon l’étude, les enfants asthmatiques présentent plus souvent des valeurs tensionnelles élevées, probablement en raison de l’inflammation chronique qui accompagne cette maladie. Cette piste ouvre la voie à la recherche de nouveaux biomarqueurs capables de détecter très tôt les enfants à risque.

Les auteurs rappellent que ces constats ne sont pas théoriques. Les études de suivi à long terme montrent clairement que les jeunes hypertendus présentent davantage de complications cardiovasculaires au fil du temps. Le message est clair : la prévention doit commencer dès l’enfance. Pour y parvenir, les chercheurs proposent de généraliser la mesure de la tension artérielle chez les enfants, notamment dans les écoles et les consultations pédiatriques, et d’instaurer une véritable culture de prévention basée sur l’activité physique, une alimentation équilibrée et la réduction du sel.

Ils plaident également pour une prise en charge plus personnalisée, en tenant compte du profil de chaque enfant, qu’il soit obèse, asthmatique, sédentaire ou porteur d’antécédents familiaux. Cette approche suppose une meilleure coordination entre pédiatres, médecins généralistes, nutritionnistes, établissements scolaires et familles.

Au-delà de la prévention immédiate, l’étude appelle à poursuivre les recherches sur les mécanismes associés à l’hypertension juvénile, notamment le rôle de l’inflammation, et à développer des stratégies adaptées aux réalités socio-économiques de chaque pays.

En révélant l’ampleur de cette tendance, la publication souligne une évidence que beaucoup peinent encore à reconnaître : les maladies cardiovasculaires ne commencent plus à 40 ans, mais parfois à 10. Et si rien n’est fait, la génération qui grandit aujourd’hui pourrait bien être la première à porter, dès son jeune âge, le poids d’un risque cardiovasculaire autrefois réservé aux adultes.

Nouhad Ourebzani