Une équipe de chercheurs algériens vient de franchir une nouvelle étape dans la compréhension du lupus érythémateux systémique, une maladie auto-immune où le corps s’attaque à ses propres tissus. Leurs travaux, publiés dans l’International Journal of Immunogenetics, révèlent que certaines variations génétiques augmentent le risque de développer la maladie et influencent la gravité de ses atteintes.
Menée par Ines Allam, Yousra Hassinet, Chahrazad Zeghichi, Lylia Meriem Berkani, Brahim Belaid, Sihem Oulakrouz, Messaoud Saidani, Soraya Ayoub et Reda Djidjik, cette étude a été réalisée au sein du service d’immunologie médicale du CHU de Beni Messous, en collaboration avec les services de néphrologie et de médecine interne, ainsi qu’avec la Faculté de pharmacie de l’Université des sciences de la santé d’Alger.
Le lupus, maladie chronique aux multiples visages, peut toucher la peau, les articulations, les reins ou le système nerveux. Son évolution est imprévisible : certains patients développent des formes graves, d’autres non. Pour tenter d’expliquer ces différences, l’équipe a analysé le profil génétique de 156 patients atteints de lupus et de 104 personnes en bonne santé.
Les chercheurs se sont intéressés à plusieurs gènes impliqués dans la réponse immunitaire — notamment IRF5, IL-1, IL-8 et TNF-α. Ils ont découvert que certaines versions de ces gènes sont plus fréquentes chez les malades et associées à des formes spécifiques de la maladie. Par exemple, des variants du gène IRF5 augmentent le risque de lupus, tandis que des variations dans IL-1 et TNF-α seraient liées à des atteintes articulaires, sanguines ou neurologiques.
Ces résultats montrent que l’ADN de chaque individu pourrait influencer la manière dont la maladie se déclare et évolue. À terme, ces découvertes pourraient aider les médecins à identifier les patients les plus vulnérables et à adapter leur suivi selon leur profil génétique.
Les auteurs rappellent toutefois que des études sur des échantillons plus larges sont nécessaires avant toute application clinique. Mais cette recherche, menée par une équipe 100 % algérienne, constitue une avancée prometteuse dans la lutte contre les maladies auto-immunes et illustre le rôle croissant de la recherche biomédicale en Algérie.
Nouhad Ourebzani