Longtemps attribuées à un facteur génétique, certaines maladies oculaires graves dont l’issue est souvent la cécité, seraient causées, selon une récente étude, par des bactéries siégeant dans…nos intestins.
Selon Richard Lee, ophtalmologue à l’University College de Londres dont les résultats de recherches ont été publiés dans la revue Cell et repris par Nature « les mutations du gène Crumbs homolog 1 (CRB1) sont l’une des principales causes de ces affections, car elles causent un affaiblissement de la barrière protectrice autour de l’œil. C’est ce qui permettrait aux bactéries de pénétrer plus facilement dans notre globe oculaire ».
Les chercheurs qui ont effectué des tests sur des souris, certaines -« mutantes »- présentant des niveaux réduits de bactéries et d’autres avec une flore intestinale normale, ont découverts que « les premières ne souffraient pas de déformation des couches cellulaires de la rétine, contrairement aux autres ». L’étude précise que « l’administration d’antibiotiques aux souris a permis de réduire leurs lésions oculaires ».
Si cela laisse entrevoir une lueur d’espoir pour de millions de personnes dans le monde souffrant de maladies héréditaires de la rétine, les avis au sein de la corporation scientifique sont partagés. Ainsi, le neurobiologiste Jeremy Kay, de l’université Duke de Durham, en Caroline du Nord pense que, « même si les antibiotiques peuvent aider à atténuer les lésions rétiniennes, ils ne vont ni les inverser ni les guérir».
Pour sa part, le Pr Martin Kriegel, chercheur en microbiome à l’Université de Münster en Allemagne, qualifie les résultats d’«inattendus» et précise que cette découverte « va constituer un grand changement de paradigme».
Hassina Amrouni