« C’est la onzième année consécutive qu’a lieu l’opération de solidarité et de bénévolat organisée durant le mois de Ramadhan par la mosquée de mon quartier, opération à laquelle je participe avec une équipe ». L’opération, comme nous l’explique Mohamed, quinquagénaire retraité depuis cinq ans, consiste à offrir des repas aux nécessiteux, aux routiers et aux personnes que l’Adhan surprend sur la route alors qu’il leur reste un long trajet à faire.
« L’Imam de la mosquée a fait appel à moi la première fois en 2017 à l’approche de Ramadhan, en m’expliquant le concept de cette opération : les repas doivent être servis dans la grande salle de l’école coranique attenante à la mosquée, là où sont organisées des rencontres et des séminaires. Il y a des tables et des chaises ainsi que les denrées nécessaires et un couple s’est porté volontaire pour se mettre aux fourneaux », indique Mohamed.
C’est ce concept qui prévaut chaque année, assure-t-il, une équipe de bénévoles se met avec plaisir, pendant ce mois, au service des jeûneurs, entre nécessiteux, routiers, passants retardataires, agents de sécurité de sociétés se trouvant dans les alentours, et éléments de sécurité et de gendarmerie. « Nous servons à table plusieurs centaines de jeûneurs – nous arrivons jusqu’à 850 personnes – et nous donnons de la nourriture pour le S’hor aux passants qui ont encore une longue route à faire. Nous faisons parvenir les repas à des familles démunies qui, par pudeur, ne viennent pas » affirme-t-il avant d’ajouter : « Il y a aussi les travailleurs venus des pays frontaliers et exerçant dans les chantiers de construction avoisinants. Tout le monde trouve de la chaleur et un repas chaud et varié : petit-lait et dattes, entrée, chorba, bourek, un plat de résistance, des boissons et des fruits ».
La situation sanitaire qui a prévalu le Ramadhan dernier a changé la donne, les tables et les chaises sont restées rangées en raison de la prolifération des cas de Covid-19. « Cependant, la mosquée a reçu l’autorisation de confectionner des repas et de les offrir au corps médical et aux travailleurs de la santé de façon générale. Nous nous déplacions chaque fin d’après-midi, une demi-heure avant l’Adhan, vers les hôpitaux de la capitale (CHU Mustapha, Beni-Messous, ex-Parnet, Birtraria, Maillot…) pour remettre les boîtes contenant la nourriture, l’eau, les fruits au personnel de la santé. Nous servions aussi des SDF » indique-t-il.
Cette année, Mohamed a été sollicité encore une fois pour apporter son aide. « Ce mois de Ramadhan marque le retour au concept initial. Nous allons ouvrir les portes de la salle de réunion de l’école coranique, comme toutes les années passées ».
Propos recueillis par Rachida Merkouche