Les corps ne peuvent pas être lavés et les funérailles doivent se faire dans la plus stricte intimité

Le Covid-19 a surpris le monde et l’a bouleversé. Sans vouloir paraitre cynique, cette pandémie a unifié les préoccupations à travers la Planète même si certains dirigeants ont le regard porté un peu plus sur l’économie qui, elle, est en berne. De nombreux spécialistes prodiguent des conseils et préconisent la prévention.

Médecins et personnels soignants sont mobilisés dans les hôpitaux, faisant d’énormes sacrifices pour sauver les patients atteints par le Coronavirus. Certains parmi ces derniers décèdent malheureusement. C’est de ceux-là que le Professeur Rachid Belhadj, chef de service médecine légale au CHU Mustapha Bacha et président de l’Académie algérienne de développement des sciences médico-légales, a entretenu notre consœur du site Esseha.com dans une vidéo qui est déjà en ligne.

Son intervention comporte des précisions sur l’attitude du médecin légiste face au cadavre des victimes du Covid-19, elle (son intervention) comporte un aspect de sensibilisation comme il le souligne. Elle est motivée, explique-t-il, par le comportement des citoyens qui n’ont pas changé leurs habitudes et continuent à se retrouver à l’extérieur et à se regrouper même en ces temps d’épidémie où le confinement doit être de rigueur.

Ils continuent également, comme il le fait remarquer, « à acheter les fruits et légumes chez les vendeurs ambulants sur les autoroutes », commerce illicite « que les pouvoirs publics devraient interdire ». Le Professeur Rachid Belhadj relève que cette conduite « constitue un danger pour la santé publique, pour leur santé et celle de leur famille ».

Il en vient ensuite au sujet principal de son intervention, les cadavres des victimes du Covid-19, soulignant que le virus ne meurt pas et qu’il peut se retrouver dans des liquides qui émanent de la bouche, du nez ou de l’anus, « suite à des effets mécaniques lorsqu’on retourne le corps », notamment lors de la toilette funéraire.

Ces liquides, indique-il, contiennent des milliards de virus qui constituent un danger pour les personnes en charge du lavage mortuaire, qui pourraient être contaminés pendant cette opération, en cas d’erreur ou de défaillance, « même s’ils sont dotés de moyens nécessaires pour leur sécurité ».

D’où la décision, d’un commun accord entre l’Académie algérienne de développement des sciences médico-légales et du ministère de la santé, de ne pas procéder au lavage. « Nous mettons le corps dans un sac en plastique stérile hermétiquement fermé, il est mis ensuite dans un cercueil dont les parois sont recouvertes d’aluminium, cercueil dont nous scellons le couvercle, en présence de représentants des services de sécurité ».

Les familles sont informées qu’elles doivent procéder à l’enterrement de leur mort en transportant le corps directement au cimetière et que quelques membres seulement peuvent assister aux funérailles en respectant la distance de sécurité. Ceci « par crainte de contamination entre les membres de la famille du défunt, en cas d’existence de porteurs sains », précise le Professeur Rachid tout en mettant en garde contre la promiscuité au domicile mortuaire sachant que dans nos traditions, nous compatissons par notre présence et par des gestes d’affection.

Mais la situation comporte plus de risques (en terme de contamination des proches) lorsque le décès survient à la maison, que le défunt souffrait d’une maladie chronique et qu’il présentait les symptômes de la grippe.

On peut suspecter un cas de Covid-19, et là, le médecin qui a pour charge de constater le décès « doit faire un bon interrogatoire au sein de la famille sur les circonstances du décès et s’ils ont le moindre doute », le médecin doit indiquer sur l’acte de décès qu’il y a « un risque infectieux élevé » et en informer les services de l’APC « pour une désinfection » des lieux et « un interrogatoire » sur les contacts avec le défunt, afin de prendre les dispositions nécessaires.

Nadia Rechoud

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