Peptides antimicrobiens : l’espoir discret face à la résistance bactérienne

Alors que la résistance aux antibiotiques progresse à un rythme alarmant, compromettant l’efficacité des traitements les plus courants, une alternative thérapeutique longtemps restée dans l’ombre attire de nouveau l’attention des chercheurs : les peptides antimicrobiens (AMPs). Ces molécules, produites naturellement par une grande variété d’organismes vivants, pourraient bien devenir l’arme décisive contre les bactéries multirésistantes.

C’est ce que souligne une étude publiée dans la revue Drug Discovery Today: Disease Models par Ana Fernandes, Adriana Sampaio et Jorge Barbosa Pereira, intitulée “Advancing Antimicrobial Peptides: Overcoming Challenges in the Era of Bacterial Resistance” (ScienceDirect, 2025). Les auteurs y dressent un état des lieux des promesses et des limites des AMPs dans un contexte où les antibiotiques classiques montrent leurs limites.

Contrairement aux antibiotiques, qui ciblent des mécanismes biologiques précis souvent sujets à mutation, les peptides antimicrobiens agissent de manière plus directe : ils s’attaquent à la membrane des bactéries, la détruisent et provoquent une mort cellulaire rapide. Cette approche rend le développement de résistances beaucoup plus difficile. De plus, leur spectre d’action large leur permet d’agir sur différentes souches pathogènes, y compris celles déjà résistantes aux traitements conventionnels.

Mais malgré leur potentiel, les AMPs peinent encore à franchir le seuil clinique. Problèmes de stabilité dans le corps humain, toxicité cellulaire, coûts de production élevés et faible biodisponibilité freinent leur développement. L’étude met cependant en avant des pistes prometteuses : l’utilisation de nanotechnologies, la conception de peptides synthétiques optimisés par intelligence artificielle, et l’association avec des antibiotiques classiques pour une action synergique.

Dans un monde où l’on comptait déjà 1,27 million de décès liés à des infections résistantes en 2019, et où ce chiffre pourrait atteindre 10 millions par an d’ici 2050 selon l’OMS, l’heure n’est plus au scepticisme. Les auteurs appellent à une mobilisation accrue de la recherche et de l’industrie pharmaceutique pour faire des AMPs une alternative concrète et accessible.

Leur message est clair : les peptides antimicrobiens ne sont pas une solution miracle, mais ils pourraient être une réponse stratégique à une crise sanitaire mondiale que l’on ne peut plus ignorer.

Nouhad Ourebzani