Le 8e Congrès France-Maghreb sur la transplantation s’est ouvert, hier, vendredi à l’ESHRA de Aïn-Benian et se poursuit aujourd’hui.
Organisé par l’Agence nationale des greffes, ce rendez-vous placé cette année sous le thème « Place des réanimateurs dans la transplantation à partir de donneur décédé », a été rehaussé par la participation d’un grand nombre de spécialistes nationaux et internationaux.
Intervenant à l’inauguration du colloque, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Mokhtar Hasbellaoui, a fait savoir que « la nouvelle loi consacre les grands principes d’éthique et organisationnels sur les prélèvements d’organes sur personnes décédées. Les projets de textes réglementaires qui vont accompagner cette loi sont, pour la plupart, élaborés ».
Rappelant que la loi sanitaire de 2018 a permis à l’Algérie de disposer d’un cadre législatif inhérent aux greffes d’organes, le ministre de la santé soulignera, par ailleurs « l’engagement de l’Etat dans la promotion et le soutien de ce programme considéré comme une priorité de santé publique ».
Il est vrai, déplorera-t-il, que les dons d’organes à partir de donneurs apparentés restent limités, d’où selon lui, l’importance de « tout mettre en œuvre » pour y parvenir, notamment en mettant en place un programme d’information et de communication à l’égard des citoyens, du personnel médical et des médias afin de les impliquer dans cette démarche.
Au cours de son allocution, Mokhtar Hasbellaoui n’omettra pas de remercier le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs pour « le soutien » apporté pour la mise en œuvre des greffes à partir de cadavres, ajoutant que cela allait « très probablement aider le secteur de la santé à faire la promotion de cet objectif ».
De son côté, Mohamed Aïssa dira que plusieurs fetwas ont été prononcées à ce sujet. Il indiquera qu’il s’agit d’un « un acte bénéfique, une action religieuse, une œuvre méritoire rémunéré au-delà dans les jardins du paradis», ajoutant encore que dans la religion musulmane il a été statué que « les cas d’exception relèvent justement de la sauvegarde d’une personne tierce (…). Nous trouvons dans l’islam des prescriptions très claires et explicites qui permettent à l’être humain d’intervenir exceptionnellement pour une transplantation d’organes ou de tissus si c’est un cas de grande nécessité». Selon le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, cet état d’exception a été défini par la jurisprudence et les savants musulmans qui se sont prononcés en faveur du don d’organes, que le donneur soit mort ou vivant, et cela en se référant au Coran et à la tradition du Prophète.
Il précisera à ce titre que les imams seront associés à cette démarche de sensibilisation de la société, notamment à travers les prêches religieux.
Intervenant au cours de ce colloque, Sidi-Ahmad Faraoun, spécialiste à l’Agence nationale des Greffes (ANG), notera que pour la seule année 2018, ce sont 416 greffes de cornées, 268 greffes rénales, 330 greffes de cellules souches et 7 greffes hépatiques qui ont été effectuées.
Tout en mettant l’accent sur le fait qu’il n’existe pas encore de prélèvements sur personnes décédées et rappelant que l’Algérie ne dispose pas de « banque de tissus », M. Faraoun fera savoir qu’un projet était en cours dans le secteur public. « Ne seront autorisés pour les prélèvements et greffes que les établissements de santé disposant des conditions médico-techniques précises et d’un cahier de charges extrêmement précis qui sera géré par un arrêté qui en cours d’élaboration », conclura-t-il.
Kamir B.