Le 2ᵉ Congrès National de la Société Algérienne de Droit Médical et d’Éthique (SADME) s’est ouvert ce vendredi 12 décembre 2025 à l’hôtel El-Djazair à Alger, sous le haut patronage du ministre de la Santé. Dès les premières heures de la matinée, médecins, juristes, enseignants, chercheurs et experts en bioéthique ont afflué vers l’ex-Saint George, où se tient l’événement sur deux jours.
Cette nouvelle édition, suivie de près par la communauté médicale, place au cœur de ses travaux un thème central qui fait écho aux défis actuels du système de santé national : « Le parcours de soins du malade au carrefour de l’éthique et du droit ».
Un sujet d’autant plus actuel que la réforme du secteur de la santé, l’évolution des normes juridiques et les attentes croissantes en matière de qualité des soins imposent aujourd’hui une réflexion partagée entre praticiens et juristes.
Alors que les participants prenaient place pour la séance inaugurale, la SADME avait déjà suscité l’intérêt sur les réseaux sociaux en diffusant le programme officiel accompagné d’un mot adressé aux congressistes par la présidente de la Société, la Pr K. Messahili.
Il ne s’agissait pas d’un discours prononcé lors de l’ouverture, mais bien d’un texte préparatoire destiné à accueillir les participants et à poser le cadre scientifique et éthique des échanges.
Dans cette lettre, la présidente insiste sur « la responsabilité collective d’offrir des repères fiables et rigoureux » dans un contexte où les pratiques médicales se complexifient et où les cadres juridiques évoluent. Elle souligne également l’importance d’un congrès conçu comme un « espace d’analyse, de confrontation d’approches et de renforcement des liens » entre professionnels du soin, juristes, universitaires et décideurs institutionnels.
Elle y réaffirme l’engagement de la SADME à promouvoir une réflexion approfondie sur les droits des patients, la qualité des pratiques professionnelles et les fondements éthiques du système de santé.
Un message qui a donné le ton des deux jours de travaux.
Dès l’inauguration, les participants ont entamé une première session consacrée à la gouvernance éthique et aux institutions de santé.
Les interventions se sont succédé autour de thématiques variées : repenser le parcours de soins à la lumière du droit, revisiter l’histoire juridique et éthique du système de santé, interroger les risques de marchandisation des soins ou encore redéfinir les approches de management éthique dans les établissements sanitaires.
Le débat sur la relation soignant-soigné — pilier de la qualité des soins selon plusieurs intervenants — a également occupé une place centrale dès cette première phase des travaux.
La deuxième session de la matinée s’est penchée sur les droits du patient, avec notamment des interventions sur le consentement éclairé, l’indemnisation des victimes de dommages liés aux soins ou encore les enjeux de la relation médecin-malade dans un contexte de judiciarisation croissante.
La journée se poursuivra avec des discussions sur les dilemmes éthiques dans les parcours complexes : santé mentale, fin de vie, gestion de la violence aux urgences, prise en charge des personnes détenues, ou encore normes encadrant l’examen médico-légal en cas de torture.
En fin de journée, une session particulièrement attendue doit aborder les nouveaux défis posés par la numérisation du système de santé : confidentialité du dossier médical unique, encadrement de l’usage de l’intelligence artificielle, responsabilité médicale à l’ère de l’IA ou encore pratiques médicales face aux réseaux sociaux.
Le congrès se poursuivra demain samedi avec plusieurs sessions consacrées aux conflits éthiques dans l’exercice professionnel, aux pratiques esthétiques en Algérie, à la responsabilité médicale en gynécologie-obstétrique, ainsi qu’à la gestion éthique des situations d’exception et de catastrophe.
En plus de plusieurs tables rondes prévues lors de cette événement l’un des moments marquants du congrès est la Masterclass dirigée par le professeur Ali Chadly, spécialiste de la pédagogie médicale. Consacrée à l’« Error-based Learning », elle introduit les participants à un modèle de formation basé sur l’analyse et la correction des erreurs dans un contexte simulé. Cette approche moderne, largement utilisée à l’international, vise à améliorer les compétences des professionnels de santé et à renforcer la sécurité des soins.
En s’ouvrant aujourd’hui à Alger, le 2ᵉ Congrès National de la SADME se positionne ainsi comme un rendez-vous majeur pour tous ceux qui œuvrent à concilier science, droit, éthique et humanité au cœur du parcours de soins.
Nora S.