Après les difficultés rencontrées lors des pénuries hivernales de l’année dernière, l’Europe a dévoilé mardi une liste de médicaments « critiques », soulignant l’impératif d’éviter des interruptions d’approvisionnement pour garantir la disponibilité nécessaire aux patients.
Englobant une diversité thérapeutique allant du paracétamol à l’insuline, en passant par les anti-infectieux et les médicaments du système respiratoire, la liste, qui compte plus de 200 substances actives, se positionne comme une mesure clé pour contrer les répercussions des pénuries survenues l’hiver précédent. Des médicaments essentiels tels que la morphine, les antibiotiques, les antiarythmiques, les préparations hormonales, et les produits anesthésiants ont également été inclus dans cette sélection stratégique.
L’Union européenne, confrontée à des défis logistiques et à une demande accrue, a élaboré cette liste en collaboration avec l’Agence européenne des médicaments (EMA) et les États membres. Elle représente une initiative majeure de Bruxelles visant à contrecarrer les éventuelles récurrences de pénuries.
Présentée comme un « outil essentiel pour appuyer les efforts de l’UE en matière de sécurité d’approvisionnement et de prévention des ruptures pour les médicaments critiques », cette liste sera élargie en 2024 et mise à jour annuellement, d’après un communiqué publié sur le site de l’Agence européenne du médicament (EMA).
Dans le cadre des efforts plus larges déployés par l’UE pour renforcer sa résilience face aux défis géopolitiques et aux imprévus, cette liste revêt une importance particulière. Les médicaments identifiés comme critiques, peu substituables, feront l’objet de mesures spéciales, telles que la prise en compte de la sécurité des approvisionnements dans les appels d’offres et des recommandations pour diversifier les fournisseurs.
Pour intégrer ce répertoire européen, un médicament doit être considéré comme critique dans plus d’un tiers des États membres. Les auteurs ont analysé 600 substances actives à partir de six listes nationales de médicaments essentiels.
Bien que cette publication n’affectera pas les listes existantes, elle pourrait contribuer à la rédaction de nouvelles listes dans les pays qui n’en disposent pas encore, selon le communiqué conjoint de l’EMA, de la Commission européenne et du réseau des agences nationales de médicaments.
Dans une stratégie proactive pour anticiper les crises, l’Europe envisage également des mesures complémentaires, telles que la constitution de stocks, la diversification des chaînes d’approvisionnement, et l’instauration de flexibilités réglementaires pour garantir un accès rapide aux médicaments en prolongeant leur durée de conservation ou en accélérant l’autorisation des génériques.
L’Europe, actuellement dépendante des importations de médicaments matures, tels que les antibiotiques et les produits d’anesthésie, envisage de remédier à cette dépendance après avoir externalisé la fabrication de ces médicaments en Chine et en Inde. En octobre dernier, Bruxelles a également annoncé le lancement d’un « mécanisme européen de solidarité volontaire », permettant aux États membres de partager leurs stocks de médicaments en cas de pénurie.
Nouhad Ourebzani