Nous avions entamé, lors des précédents mois de Ramadhan, ce tour du monde des tables de l’iftar, pour découvrir les traditions culinaires des autres communautés musulmanes. Cette année, nous vous proposons de nouvelles haltes, tout en mettant à l’honneur la Palestine qui, depuis plusieurs mois maintenant, vit une guerre effroyable.
Menacée par la famine, en raison d’une rationalisation drastique des aides alimentaires par l’armée israélienne, aujourd’hui, la population palestinienne, plus particulièrement celle vivant dans la bande de Gaza, entame le mois de jeûne, le ventre déjà vide. L’appel lancé à la veille de ce mois sacré par le SG des Nations-Unis, M. Guterres, n’ont pas trouvé d’écho favorable puisque les bombardements sur la population se poursuivent, faisant des centaines de victimes entre morts et blessés même le premier jour du Ramadhan.
En dépit de ce climat de terreur et cette misère dans laquelle ils ont été plongés, les Gazaouis, très attachés aux traditions liées à l’arrivée de ce mois béni, mois de piété, de paix, de fraternité et de partage, tentent tant bien que mal de perpétuer certains us et coutumes, ne serait-ce que pour faire plaisir aux enfants.
Malheureusement, les belles tables garnies de plats nutritifs et pleins de saveur, ne sont aujourd’hui, qu’un lointain souvenir. Pour la rupture du jeûne, les Gazaouis se contentent de peu, à savoir du riz, des soupes de haricots secs ou de langues d’oiseaux, servis par des associations caritatives. Un modeste repas qui, bien souvent, ne parvient même à faire taire les horribles gargouillis de la faim.
La cuisine palestinienne, à l’instar de la cuisine du Proche-Orient, est très connue pour sa grande saveur. Et durant le mois de Ramadhan, la table de l’iftar est particulièrement garnie en plats aussi bons que gorgés de nutriments pour récupérer d’une longue journée d’abstinence de toute nourriture. Pour la rupture du jeûne, les Palestiniens commencent par une soupe de légumes, ou à base de lentilles mélangés à du blé vert concassé (frik). Cette entrée riche en vitamines, fer et fibres, aide le corps à se requinquer et à reprendre des forces. Suivent ensuite une variété de salades dont les ingrédients principaux sont les tomates, des poivrons, de l’oignon, l’aubergine ou le concombre, rehaussés d’herbes aromatiques comme le persil, la menthe, le basilic, le thym, le tout assaisonné d’huile d’olive. Ces entrées apportent de la fraîcheur mais aussi un large éventail de vitamines, de minéraux et d’antioxydants. Le plat de résistance est, quant à lui, essentiellement à base de viande pour assurer un apport en protéines, accompagnée de légumes ou de riz, pour les besoins en fibres.
Après la prière d’El Icha, les Palestiniens garnissent leur tablée de dattes, de thé parfumé à la menthe ou à la cardamome, de café turc mais ils affectionnent aussi tout particulièrement toutes ces douceurs aux amendes et au miel qui viennent prolonger les plaisirs gustatifs que l’on partage en famille durant ce mois sacré comme Al Kounassa de Naplouse, Baklawa, Nammoura, Basboussa, Qatayefs…).
Hassina Amrouni