Il est courant que les patients attendent plusieurs mois avant de pouvoir soumettre leur cas à un médecin dans un hôpital. C’est même une règle et c’est la célérité dans l’octroi des rendez-vous qui serait étrange, n’étant usuelle que lorsqu’il s’agit des amis et des proches pour lesquels on fait tomber tous les arguments.
C’est tout naturellement que les malades sont amenés à compter les semaines et les mois, et il ne faut donc pas s’étonner que leur état de santé se dégrade au fil du temps. Parfois, jusqu’à l’issue fatale, c’est-à-dire le décès du patient.
Mohand I., chauffeur dans une entreprise, déplore une situation qui n’est pas faite pour le bien-être des personnes dont la santé est défaillante. « Je me suis rendu à l’hôpital le jour où mon défunt frère devait s’y présenter, et j’ai remis son acte de décès agrafé à son rendez-vous, décès survenu après l’évolution de son cancer » nous apprend Mohand.
Pour lui, c’est là une manière de faire toucher du doigt cette ineptie avec laquelle on risque la vie des autres. Des vies irremplaçables au sein de familles qui restent éplorées. Les soins les plus ordinaires sont remis aux calendes grecques, comme c’est le cas pour cet homme dont la belle-fille raconte le malheur. « C’est plusieurs mois après son décès qu’on nous a appelés afin que mon beau-père aille subir un examen avant une intervention chirurgicale en ophtalmologie. Vous imaginez notre peine » déclare-t-elle.
Nadia Rechoud