Une nouvelle approche pour traiter le kératocône, maladie progressive de la cornée touchant principalement les adolescents et jeunes adultes, vient de marquer un tournant dans le domaine de l’ophtalmologie. Jusqu’à présent, les options se limitaient à la correction de la vision par lunettes ou lentilles, ou à une intervention chirurgicale invasive combinant riboflavine et lumière UV, qui nécessitait le retrait de la couche superficielle de l’œil et entraînait douleur, risques et longue récupération.
Cette innovation consiste en un traitement non invasif appliqué sous forme de gouttes ophtalmiques activées par lumière UV, capable de renforcer la cornée sans retirer l’épithélium. Des essais cliniques récents menés sur plusieurs centaines de patients ont montré une stabilisation de la cornée, une progression ralentie de la maladie et un excellent profil de tolérance. Les résultats et l’autorisation réglementaire initiale aux États-Unis ont été annoncés en 2025, après plus de dix ans d’attente pour une alternative moins invasive aux procédures chirurgicales traditionnelles.
Cette solution ouvre de nouvelles perspectives dans le monde entier. Dans les régions où la chirurgie spécialisée est rare, comme certaines parties d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’Asie, elle pourrait rendre le traitement plus accessible et encourager un dépistage précoce, essentiel pour prévenir les complications graves et préserver la vision. L’application simple et rapide des gouttes réduit les contraintes pour les patients et permet une intervention précoce, améliorant ainsi la qualité de vie et l’autonomie des jeunes adultes concernés.
Malgré ces avancées, certains défis demeurent, notamment la disponibilité de la technologie UV pour l’activation du traitement, la formation des praticiens et le coût dans les pays à ressources limitées. Pour les systèmes de santé, anticiper l’arrivée de cette thérapie implique la mise en place de campagnes de dépistage, la formation des ophtalmologistes et un cadre réglementaire adapté.
Avec cette approche, la prise en charge du kératocône entre dans une nouvelle ère : moins invasive, plus accessible et efficace, elle offre l’espoir de préserver la vue de milliers de jeunes dans le monde, après des années de traitements contraignants.
Ouiza Lataman