Une nouvelle technique chirurgicale pourrait révolutionner le traitement des hernies inguinales chez la femme

Une nouvelle technique chirurgicale pourrait bien changer la donne pour des milliers de femmes souffrant de hernies de l’aine, notamment dans les pays à faibles ressources. Mise au point par une équipe de chercheurs du Karolinska Institutet en Suède et testée en Ouganda, cette méthode simplifiée offre une alternative efficace et accessible aux approches laparoscopiques, souvent indisponibles dans les hôpitaux mal équipés.

Chez la femme, les hernies fémorales, plus rares mais plus dangereuses que les hernies inguinales, posent un véritable défi. Leur diagnostic est souvent tardif, leur réparation plus délicate, et les risques de récidive bien plus élevés avec les techniques classiques. La méthode proposée adapte la célèbre technique de Lichtenstein en y ajoutant un geste chirurgical simple : une incision dans la paroi postérieure du canal inguinal permettant de vérifier et de renforcer l’orifice fémoral. Ce détail, apparemment mineur, fait toute la différence.

Les résultats sont encourageants : aucune récidive observée pendant la période de suivi, très peu de complications post-opératoires, et un haut niveau de satisfaction des patientes. Surtout, cette intervention ne nécessite aucun équipement sophistiqué ni technologie avancée. Elle peut être pratiquée dans des contextes précaires, sans bloc opératoire high-tech, ce qui en fait une solution concrète pour les systèmes de santé fragiles.

Cette approche prend tout son sens alors que les études récentes soulignent à quel point les femmes sont souvent désavantagées en matière de diagnostic, de traitement et d’accès à la chirurgie mini-invasive. Dans plusieurs pays, elles sont moins fréquemment opérées par laparoscopie et davantage exposées aux douleurs chroniques ou aux complications postopératoires. Une étude danoise a notamment montré que les femmes opérées par voie laparoscopique avaient un risque de réintervention bien plus faible que celles opérées par méthode ouverte, mais l’accès à cette option reste inégal.

La force de cette innovation, c’est qu’elle part du terrain. Elle ne cherche pas à reproduire les standards coûteux des pays riches, mais à répondre à un besoin réel, de manière pragmatique, humaine et reproductible. Elle redonne à la chirurgie son sens premier : soigner efficacement avec les moyens disponibles.

Les auteurs de l’étude appellent à poursuivre les évaluations cliniques sur le long terme. Mais déjà, cette technique s’impose comme une avancée majeure pour la santé des femmes, et un rappel salutaire : l’innovation ne se mesure pas à la sophistication des outils, mais à l’impact qu’elle a sur la vie des patientes.

Nouhad Ourebzani