La perte auditive, qui touche jusqu’à 10 % de la population mondiale, pourrait bientôt avoir une nouvelle solution grâce à un médicament déjà bien connu. Actuellement, il n’existe qu’un seul traitement approuvé par la FDA pour prévenir cette condition chez certains patients pédiatriques sous chimiothérapie au cisplatine. Cependant, une récente étude révèle un candidat thérapeutique prometteur parmi les médicaments existants.
Des chercheurs ont scruté 1 300 médicaments approuvés par la FDA pour leur capacité à protéger les cellules de l’oreille interne contre les effets néfastes du cisplatine. À leur grande surprise, le phosphate d’oseltamivir, connu sous le nom commercial de Tamiflu et utilisé principalement contre la grippe, s’est distingué comme l’un des plus efficaces.
L’oseltamivir, administré oralement, a montré des propriétés otoprotectrices remarquables dans divers modèles murins d’exposition au cisplatine et au bruit. Il a offert une protection auditive durable de 15 à 25 dB SPL tant chez les souris femelles que mâles. En plus de réduire la mort des cellules ciliées externes après traitement au cisplatine, ce médicament a atténué les dommages aux synapses cochléaires causés par une exposition au bruit.
Un mécanisme d’action intéressant a également été découvert. L’oseltamivir semble réduire l’inflammation cochléaire en diminuant l’activation de la protéine ERK1/2, induite par le cisplatine. De plus, il réduit l’infiltration des cellules immunitaires dans la cochlée après une exposition au bruit, ce qui renforce l’idée de son action anti-inflammatoire.
Ces découvertes sont prometteuses pour des millions de personnes à risque de perte auditive. L’oseltamivir, déjà largement utilisé et connu pour ses faibles effets secondaires, pourrait bientôt être redéployé comme traitement protecteur de l’audition pour les patients en chimiothérapie et ceux exposés à des bruits traumatisants. Une avancée majeure qui pourrait transformer le paysage de la prévention de la perte auditive dans le monde.
Nouhad Oubrezani