Vers la fin des lunettes de lecture ? Des gouttes oculaires montrent des résultats prometteurs contre la presbytie

La presbytie, ce trouble de la vision qui survient avec l’âge et oblige des millions de personnes à porter des lunettes pour lire, pourrait un jour se traiter avec de simples gouttes ophtalmiques. Une équipe de chercheurs argentins, basée à Buenos Aires, a présenté une étude qui suscite beaucoup d’intérêt dans la communauté médicale.

L’essai a porté sur 766 adultes, âgés en moyenne de 55 ans, tous atteints de presbytie. Les chercheurs ont évalué une combinaison de deux molécules :
• la pilocarpine, qui agit sur le muscle ciliaire et resserre la pupille, améliorant la vision de près ;
• le diclofénac, un anti-inflammatoire non stéroïdien.

Trois concentrations de pilocarpine (1 %, 2 % et 3 %) ont été testées, associées à une dose fixe de diclofénac. Les participants ont appliqué les gouttes deux fois par jour (au réveil et environ six heures plus tard), avec la possibilité d’une dose supplémentaire en cas de besoin.

Les résultats sont encourageants :
• Une heure après la première application, les patients pouvaient lire en moyenne trois lignes et demie de plus sur un tableau de vision de près, sans lunettes.
• Après un an, près de 83 % des participants conservaient une vision fonctionnelle satisfaisante.
• Dans certains cas, l’effet a persisté jusqu’à deux ans, avec une durée moyenne d’efficacité estimée à 434 jours.

Comme tout traitement, cette approche n’est pas exempte d’effets indésirables :
• Vision temporairement assombrie ou floue chez environ un tiers des participants ;
• Irritations oculaires dans 3,7 % des cas ;
• Céphalées dans 3,8 % des cas.

Aucun effet secondaire grave n’a été signalé et aucun patient n’a interrompu le traitement pour cette raison.

Cette recherche ouvre la voie à une alternative non chirurgicale aux lunettes de lecture ou aux opérations correctrices. Si les résultats se confirment, elle pourrait transformer la vie quotidienne de millions de personnes, en réduisant la dépendance aux verres correcteurs pour lire, écrire ou utiliser un téléphone.

L’étude reste rétrospective et a été menée dans un seul centre, ce qui limite la portée de ses conclusions. Les chercheurs eux-mêmes insistent sur la nécessité de mener des essais cliniques plus larges, sur plusieurs centres et sur une durée plus longue, pour confirmer l’efficacité et la sécurité du traitement.

Ces gouttes à base de pilocarpine et de diclofénac représentent une piste sérieuse et innovante dans la lutte contre la presbytie. Si elles tiennent leurs promesses, elles pourraient bien redéfinir notre rapport aux lunettes de lecture dans un futur proche.

Nouhad Ourebzani