En ce début d’année, une révolution significative se profile dans la lutte contre le paludisme, avec le déploiement du premier vaccin RTS,S (Mosquirix) du laboratoire britannique GSK dans treize pays africains. Après une phase pilote lancée en 2019 au Kenya, au Malawi et au Ghana, le précieux sérum est en cours d’acheminement depuis la fin de l’année 2023, avec une mise en œuvre prévue dans 28 pays au cours de l’année 2024 lors de campagnes de vaccination spécifiques, rapporte l’AFP.
Au cours du mois de janvier, le Bénin, le Burundi, l’Ouganda, la République démocratique du Congo (RDC) et le Cameroun ont bénéficié de livraisons importantes, marquant ainsi un tournant dans la lutte contre cette maladie dévastatrice. Le Cameroun, en particulier, a pris une décision historique en introduisant le vaccin RTS,S directement dans sa stratégie nationale de vaccination de routine, une première en Afrique selon Aurélia Nguyen, directrice des programmes de GAVI, l’Alliance du vaccin, qui supervise ce déploiement à grande échelle.
La coalition, regroupant l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Unicef, la Fondation Bill et Melinda Gates, et la Banque mondiale, travaille en partenariat avec des donateurs internationaux, des gouvernements, des acteurs de la société civile et l’industrie pharmaceutique. L’objectif est de faciliter l’accès aux vaccins nécessaires pour la santé de base, en particulier dans les pays en développement. GAVI investit initialement près de 160 millions de dollars pour le déploiement élargi du sérum dans les pays où le paludisme est endémique entre 2022 et 2025.
Dans la première phase pilote au Kenya, au Malawi et au Ghana, 6 millions de doses du vaccin RTS,S ont été administrées, permettant la vaccination de plus de 2 millions d’enfants. Ces efforts ont conduit à une baisse de la mortalité de 13 % et à une réduction substantielle des cas graves de paludisme, selon les données de l’OMS. De plus, avec la préqualification par l’OMS d’un deuxième vaccin antipaludique, le R21/Matrix-M du laboratoire américain Novavax, la lutte contre le paludisme semble entrer dans une nouvelle dimension, avec un déploiement possible dès 2025.
Aurélia Nguyen souligne l’importance de cette avancée, déclarant que « c’est un jour un peu historique ». Elle met en lumière le caractère complexe de la maladie, transmise par un parasite au cycle de vie délicat, soulignant que le vaccin RTS,S, avec son efficacité démontrée sur le terrain, est un outil complémentaire crucial dans la prévention du paludisme, s’ajoutant aux méthodes existantes telles que les pulvérisations et les moustiquaires imprégnées.
Malgré les progrès accomplis dans la lutte contre le paludisme, certains pays voient une recrudescence des cas, des hospitalisations et des décès, attribuée à divers facteurs tels que le réchauffement climatique et les déplacements de populations. Le choix de se concentrer d’abord sur les zones où le besoin est le plus élevé est stratégique, avec le Cameroun en tant que pays phare où 30 % des consultations médicales sont liées au paludisme.
Le déploiement du vaccin dans la stratégie nationale de vaccination de routine du Cameroun est un pas significatif vers la libération du système de santé, avec la perspective de réduire les hospitalisations et les décès liés au paludisme. Alors que le Cameroun prend l’initiative, neuf autres pays, en plus des trois pilotes, ont déjà reçu des doses et sont en phase de mise en place avec des campagnes de vaccination.
Enfin, avec la menace croissante du paludisme dans des régions telles que l’Inde, l’Asie, l’Amérique latine et le sud de l’Europe, des discussions sont en cours pour étendre le programme de vaccination dans ces zones, offrant ainsi un espoir supplémentaire dans la lutte mondiale contre cette maladie dévastatrice.
Nouhad Ourebzani