À Alger, un congrès national pour repenser le parcours de soins à l’épreuve de l’éthique et du droit

La Société Algérienne de Droit Médical et d’Éthique (SADME) réunira, les 12 et 13 décembre, médecins, juristes, universitaires et acteurs institutionnels autour d’un enjeu devenu central : la refonte du parcours de soins dans un système de santé en pleine transformation. Placé sous le thème « Le parcours de soins du malade au carrefour de l’éthique et du droit », ce congrès national s’annonce comme un rendez-vous déterminant pour éclairer les choix à venir et redéfinir les repères d’une pratique médicale confrontée à des défis inédits.

Dès l’ouverture, la présidente de la SADME, Pr Keltoum Messahli, rappellera l’urgence d’établir des référentiels clairs dans un paysage où les normes se densifient alors que les réalités de terrain deviennent de plus en plus complexes. Offrir au patient un parcours cohérent, respectueux et juridiquement sécurisé ne sera plus une option, mais une condition essentielle pour restaurer et renforcer la confiance dans le système de santé. La présence d’experts issus de nombreux CHU et EPH du pays témoignera de la volonté de dépasser les approches cloisonnées qui persistent encore dans les pratiques quotidiennes.

Le programme mettra en lumière la diversité des interrogations qui traversent aujourd’hui la médecine algérienne : la marchandisation des soins et le risque de rupture d’équité, les dilemmes du consentement éclairé, la responsabilité médicale sous tension, les enjeux de la fin de vie, les fragilités du parcours en santé mentale, ou encore les dilemmes éthiques auxquels sont confrontés les soignants dans les services d’urgence et les spécialités cliniques. La dimension numérique occupera également une place majeure, avec des discussions sur le dossier médical électronique, la protection des données, la responsabilité du médecin à l’ère de l’IA et l’usage des réseaux sociaux par les professionnels.

Le congrès abordera aussi les situations extrêmes où l’éthique se retrouve mise à l’épreuve : catastrophes collectives, triage des victimes, gestion des crises et arbitrages difficiles en temps contraint. L’exemple d’El Harrach en 2025 servira de point de référence pour discuter de la nécessité de protocoles plus partagés et mieux intégrés dans les dispositifs de réponse. Plusieurs tables rondes approfondiront les enjeux sectoriels : éthique en oncologie, douleur, recherche clinique, pratiques pharmaceutiques, infertilité et procréation médicalement assistée.

Avec plus de quatre-vingts e-posters et une série d’ateliers pratiques, des urgences à la certification du décès en passant par les liens entre mémoire et droit, cette rencontre offrira une cartographie rare et dense des enjeux qui structurent désormais toutes les dimensions du parcours de soins. Chaque intervention — qu’elle traite de secret médical, de violences intrafamiliales, d’erreurs thérapeutiques ou de toxicomanie — rappellera combien la décision médicale doit aujourd’hui conjuguer compétence, conscience et responsabilité juridique.

En combinant réflexion académique, échanges d’expérience et confrontation des pratiques, la SADME fera de ce congrès un espace incontournable pour accompagner l’évolution de la médecine vers davantage de transparence, de sécurité et d’humanité. Repenser le parcours de soins ne relèvera plus d’un simple exercice théorique : ce sera un impératif éthique et sociétal, au cœur de la relation de confiance entre le système de santé et les citoyens.

Ouiza Lataman

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