Peut-on savoir, avant même l’opération, si un cancer du sein précoce s’est propagé aux ganglions lymphatiques ? C’est à cette question cruciale qu’une équipe médicale taïwanaise apporte un début de réponse. Leur étude, publiée dans le Journal of the Formosan Medical Association, révèle qu’associer échographie et IRM améliore nettement la précision du diagnostic, réduisant ainsi le recours à des interventions lourdes et souvent inutiles.
Actuellement, la détection des métastases ganglionnaires repose surtout sur la dissection axillaire, une chirurgie invasive qui laisse parfois des séquelles durables comme douleurs chroniques ou lymphœdème. Les méthodes d’imagerie existantes restent imparfaites. La mammographie, très spécifique (96 %), repère peu de cas positifs (29 % de sensibilité). L’échographie, plus équilibrée (55 % et 84 %), et l’IRM (47 % et 90 %) n’offrent pas non plus de fiabilité suffisante lorsqu’elles sont utilisées seules.
En combinant échographie et IRM, les chercheurs du Tri-Service General Hospital de Taipei ont obtenu de bien meilleurs résultats : une sensibilité de 72 % et une spécificité de 85 %. Autrement dit, plus de cas réels détectés et moins de faux positifs. « Cette combinaison pourrait changer la donne pour les patientes », explique le Dr Lung-Jui Wang, auteur principal de l’étude.
L’équipe est allée plus loin en intégrant aux résultats d’imagerie des données biologiques comme la taille et le grade de la tumeur ou le statut HER-2. Ce modèle prédictif offre une fiabilité accrue et illustre la montée en puissance de la médecine personnalisée, adaptée au profil de chaque patiente plutôt qu’à un protocole unique.
Au-delà des chiffres, l’enjeu est majeur : épargner à des milliers de femmes des dissections axillaires inutiles, réduire les complications irréversibles et améliorer leur qualité de vie. Dans un contexte où le cancer du sein demeure le plus fréquent chez la femme dans le monde, cette avancée pourrait marquer une étape importante vers une prise en charge plus fine et moins agressive.
Nouhad Ourebzani
