Une nouvelle étude publiée dans le Journal of Psychiatric Research met en lumière un lien étroit entre la sévérité des symptômes dépressifs et la capacité à maintenir une alimentation équilibrée. Les chercheurs montrent que chez les patients souffrant de dépression modérée à sévère, plus les symptômes sont prononcés, plus la “compétence alimentaire” – c’est-à-dire la faculté à planifier, choisir et gérer ses repas – tend à s’affaiblir.
Cette observation illustre une réalité souvent constatée dans la pratique clinique : la dépression ne se limite pas aux pensées et aux émotions, elle perturbe aussi les comportements quotidiens les plus essentiels. Fatigue, perte de motivation, troubles de l’appétit ou difficultés de concentration rendent l’organisation des repas complexe. Faire ses courses, préparer des plats équilibrés ou simplement maintenir une routine alimentaire devient alors un défi.
Les auteurs soulignent que la relation pourrait être bidirectionnelle. Non seulement la dépression fragilise la gestion de l’alimentation, mais une alimentation déséquilibrée peut elle-même accentuer certains symptômes dépressifs, en raison d’effets métaboliques, inflammatoires ou liés à la flore intestinale.
Ces résultats ouvrent des perspectives importantes pour la prise en charge des patients. Ils plaident en faveur d’un suivi global qui ne se limite pas au traitement médicamenteux ou psychothérapeutique, mais qui inclut aussi un accompagnement nutritionnel. Ateliers pratiques, soutien diététique ou programmes interdisciplinaires pourraient ainsi contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes concernées.
L’étude reste toutefois de nature corrélationnelle et n’établit pas de lien de causalité directe. Mais elle rappelle avec force qu’au-delà des symptômes psychiques, la dépression altère des dimensions concrètes de la vie quotidienne, et que la santé mentale et l’alimentation sont plus imbriquées qu’on ne le pense.
Nouhad Ourebzani
