On les retrouve dans l’air, dans l’eau, dans notre alimentation… et désormais jusque dans nos os. Une étude parue en juin 2025 dans la revue Osteoporosis International met en garde contre les effets possibles des microplastiques sur la santé osseuse. Selon cette revue de littérature, coordonnée par le chercheur Lauter E. Pelepenko, ces particules invisibles pourraient devenir un nouveau facteur de risque pour l’ostéoporose et d’autres maladies du squelette.
Les chercheurs rappellent que les microplastiques, déjà connus pour perturber le système respiratoire et digestif, ont récemment été identifiés dans des tissus osseux humains, ce qui laisse penser qu’ils peuvent s’accumuler jusque dans les structures profondes de l’organisme. En laboratoire, leur présence perturbe le fonctionnement cellulaire : elle favorise l’inflammation, accélère le vieillissement, augmente le stress oxydatif et stimule l’activité des ostéoclastes, responsables de la destruction du tissu osseux. Ces particules limitent aussi la capacité des cellules souches à se transformer en ostéoblastes, essentiels à la construction osseuse.
Chez l’animal, les résultats confirment cette tendance. L’ingestion de microplastiques modifie la flore intestinale, perturbe la moelle osseuse et conduit à une altération de la microarchitecture osseuse, avec une croissance ralentie et des os plus fragiles. Des accumulations directes ont même été observées dans l’os.
Cependant, les auteurs de l’étude appellent à la prudence. Les mécanismes précis chez l’homme restent mal compris et il n’existe pas encore d’étude clinique permettant d’établir un lien direct entre exposition quotidienne aux microplastiques et ostéoporose. Les doses réellement nocives, les types de plastiques les plus dangereux ou encore les facteurs de susceptibilité individuels ne sont pas clairement identifiés.
Cette synthèse scientifique ouvre toutefois un nouveau champ d’alerte pour la santé publique. En soulignant que la pollution plastique pourrait affaiblir le socle même de notre organisme, elle invite à renforcer la recherche, la surveillance et la prévention, mais aussi à repenser nos modes de consommation et la régulation des plastiques.
Nouhad Ourebzani