Le premier Congrès arabe d’Allergie, d’Asthme et d’Immunologie a ouvert ses portes ce 11 décembre 2025 à Alger, au sein de l’ESHRA, sous un climat mêlant solennité, ambition scientifique et profonde émotion. Ce rendez-vous, placé sous le Haut Patronage du Premier ministre, marque un tournant historique pour la coopération médicale arabe.
Le Pr Reda Djidjik, président de l’Académie algérienne et de la nouvelle Académie arabe d’allergologie, d’asthmologie et d’immunologie, l’avait écrit la veille : ce congrès n’est pas seulement un événement scientifique, mais un symbole de confiance, de soutien politique et d’espoir pour une communauté médicale arabe en pleine ascension.
Durant trois jours, l’ESHRA devient un espace de réflexion, de formation et d’innovation, réunissant les meilleurs spécialistes d’Algérie, des pays arabes et du monde entier. La présence de délégations venues d’une vingtaine de pays, de la Mauritanie au Golfe, témoigne de la vitalité d’un réseau scientifique qui entend désormais dépasser les frontières pour construire une dynamique commune. Le Pr Djidjik a d’ailleurs salué la participation de la World Allergy Organization et la présence exceptionnelle de son président, soulignant la reconnaissance internationale envers cette initiative arabe naissante.
Dans cet esprit d’unité et de renouveau, les mots du Dr Ben Ataa El Harfi résonnent tout particulièrement à l’ouverture des travaux. Dans un message empreint d’héritage et d’avenir, il rappelle le rôle historique des savants arabes dans l’essor des sciences médicales, l’importance de transmettre et d’investir dans le savoir, et la nécessité de créer aujourd’hui une Académie arabe forte, fédératrice, capable de hisser la région au niveau des plus grandes institutions mondiales. Pour lui, ce congrès marque le début d’une nouvelle ère : celle d’une renaissance scientifique arabe dans le domaine de l’immunologie, forte de centaines de spécialistes désormais actifs dans un champ qui n’en comptait qu’une poignée il y a encore quelques décennies.
Le programme de cette première édition s’inscrit pleinement dans cette vision ambitieuse. Dense, bilingue et conçu pour être immédiatement utile aux praticiens, il couvre l’ensemble des enjeux actuels : erreurs innées de l’immunité, allergies alimentaires de l’enfant, risque d’anaphylaxie, asthme, innovations thérapeutiques biologiques, avancées en immunologie clinique, diagnostics modernes, auto-immunité et thérapies émergentes. Les ateliers en langue française et anglaise favorisent un échange scientifique ouvert, rigoureux et enrichissant.
Dès les premières sessions, le congrès met en lumière les problématiques les plus délicates de la pratique clinique : les erreurs innées de l’immunité, souvent méconnues ; l’évolution rapide des tests diagnostiques et des traitements dans les allergies ; la gestion complexe de l’allergie à la pénicilline ; ou encore la montée préoccupante des allergies alimentaires chez l’enfant. Les intervenants partagent des cas réels, des retours d’expérience et des recommandations concrètes, avec pour objectif de renforcer les compétences et la sécurité des prises en charge.
Un atelier sur la thérapie inhalée dans l’asthme attire particulièrement l’attention. Au-delà de la technique, il met l’accent sur l’impact décisif de l’éducation du patient pour stabiliser la maladie et améliorer sa qualité de vie. La session consacrée à l’utilisation du plasma et du sang autologues dans l’urticaire chronique ouvre, quant à elle, une fenêtre sur les approches innovantes en développement, reflétant l’esprit d’exploration scientifique porté par les Académies algérienne et arabe.
En filigrane de ce programme riche et varié, l’autommunité s’impose comme l’un des thèmes structurants du congrès. Sa progression dans les populations arabes impose une mise à jour continue des stratégies de diagnostic et de traitement, un défi que les experts présents s’engagent à relever ensemble.
Au-delà des contenus scientifiques, un message traverse chaque discours, chaque intervention et chaque échange dans les couloirs de l’ESHRA : celui d’une volonté collective de construire un avenir scientifique arabe unifié, solide et durable.
Le Pr Djidjik évoque la création de réseaux, la promotion de la recherche, la formation de nouvelles générations. Le Dr El Harfi, lui, appelle à ériger l’Académie arabe en véritable moteur de progrès, dotée de revues scientifiques, de programmes de spécialisation et de mécanismes de certification comparables aux grandes références internationales, comme le board américain.
Ce premier Congrès arabe d’Allergie, d’Asthme et d’Immunologie dépasse ainsi largement le cadre d’un simple événement médical. Il s’agit d’un acte fondateur, d’un engagement partagé, d’un premier pas vers une construction scientifique collective, portée par l’histoire, la mémoire et les ambitions d’une région qui a décidé d’écrire une nouvelle page. Trois jours durant, Alger, ville de résilience et de renouveau, devient la capitale de la science arabe en immunologie. Une capitale d’unité, de savoir et d’avenir.
Nora S.
