Une nouvelle étude scientifique vient d’établir un lien direct entre la sensibilité à l’anxiété des parents et la manière dont le cerveau de leurs enfants adolescents réagit lors de situations émotionnellement intenses. Publiée dans la revue Development and Psychopathology, cette recherche apporte un éclairage inédit sur les mécanismes familiaux qui influencent la régulation émotionnelle chez les jeunes.
Menée par une équipe de chercheurs en neurosciences et en psychologie, l’étude s’est penchée sur les réponses cérébrales d’adolescents durant une tâche de régulation émotionnelle, tout en analysant la sensibilité à l’anxiété de leurs parents – c’est-à-dire leur tendance à redouter les sensations physiques liées à l’anxiété (comme le cœur qui s’emballe, la transpiration, etc.).
Les résultats sont frappants : plus un parent présente une sensibilité élevée à l’anxiété, plus certaines régions du cerveau de son enfant – notamment celles impliquées dans la gestion des émotions – réagissent de manière atypique, parfois excessive, lorsque l’adolescent tente de contrôler ou moduler ses émotions.
« Ces résultats suggèrent que la manière dont les parents perçoivent et réagissent à leur propre anxiété pourrait inconsciemment façonner le développement émotionnel de leurs enfants », explique l’un des auteurs de l’étude.
Ce phénomène ne passe pas uniquement par l’éducation ou les paroles échangées au sein du foyer. L’étude indique que des facteurs subtils, comme le comportement non verbal, les réactions corporelles ou même l’atmosphère émotionnelle à la maison, peuvent influencer la manière dont le cerveau adolescent apprend à gérer le stress.
Ces conclusions viennent renforcer l’idée que la santé mentale familiale est un tout cohérent, où l’anxiété ou les difficultés émotionnelles ne se transmettent pas uniquement par les gènes ou les mots, mais aussi par les signaux invisibles du quotidien.
Face à cela, les chercheurs plaident pour des programmes de prévention qui intègrent les parents, en les aidant à comprendre leur propre rapport à l’anxiété, dans le but de réduire le risque de troubles émotionnels chez leurs enfants.
Un message essentiel à l’heure où la santé mentale des adolescents est de plus en plus fragilisée dans un monde marqué par l’incertitude, les pressions sociales et l’hyperconnectivité.
Ouiza Lataman