La wilaya de Sétif a vécu une fin de semaine particulièrement sombre, marquée par deux accidents séparés qui ont profondément secoué la population.
À Béni Mouhli, et à cause du monoxyde de carbone, un couple dans la fleur de l’âge a été retrouvé sans vie à l’intérieur de son domicile, tandis qu’à Djemila, un autre couple a été sauvé in extremis grâce à l’intervention rapide des équipes de la Protection civile.
Selon les précisions fournies par la Protection civile, le drame de Béni Mouhli s’est produit dans le village de Thadarth Ouguemmadh, où les secours ont découvert les corps d’un homme de 47 ans et de son épouse âgée de 31 ans. Les premières constatations sur place n’ont laissé aucun doute sur la cause du décès : les deux victimes ont succombé à l’inhalation de gaz de combustion émanant de leur chauffage. L’expertise technique initiale a révélé plusieurs erreurs graves dans l’installation de l’appareil, notamment une conduite d’évacuation anormalement longue, composée de huit coudes, ainsi qu’une inclinaison du conduit vers le bas, en contradiction totale avec les principes physiques qui imposent la montée des gaz chauds. L’ajout d’une boîte à l’extrémité du tuyau d’aération a encore aggravé la situation en empêchant l’évacuation normale des gaz brûlés. L’absence d’un détecteur de monoxyde de carbone, qui aurait pu déclencher une alerte précoce, a été également relevée.
À Djemila, dans un incident distinct, l’intervention des secouristes est arrivée juste à temps pour sauver un couple retrouvé dans un état critique. Leur transport rapide à l’hôpital a permis une prise en charge immédiate, et leur état a pu être stabilisé. Pour les équipes de secours, ce type d’opération illustre encore une fois le rôle vital de l’intervention rapide face à un gaz qui agit en silence, sans odeur et sans avertissement.
À l’approche de l’hiver, la vigilance doit être totale
Avec l’arrivée du froid, l’Algérie est confrontée chaque année à une recrudescence des intoxications au monoxyde de carbone, un fléau qui coûte la vie à des dizaines de personnes. Malgré les appels répétés des autorités, les mêmes erreurs se répètent : absence de ventilation, installations non conformes, chauffages vétustes ou mal entretenus, recours à des particuliers non qualifiés pour les travaux de pose. Les drames de Sétif rappellent brutalement que la moindre négligence peut se transformer en catastrophe.
Les spécialistes de la Protection civile insistent sur l’importance d’une aération régulière des logements, même en période de froid intense. Le renouvellement de l’air reste indispensable pour éviter l’accumulation du gaz toxique. Ils recommandent également un contrôle technique systématique des appareils de chauffage et de leurs conduits, idéalement par des professionnels qualifiés. Les erreurs banales dans la pose d’un tuyau, dans le choix du matériau ou dans l’orientation d’un conduit figurent parmi les causes récurrentes des drames hivernaux.
De plus en plus de voix appellent aussi à la généralisation des détecteurs de monoxyde de carbone. Peu coûteux, faciles à installer, ces petits appareils peuvent sauver des vies en émettant une alarme dès que le niveau de gaz atteint un seuil dangereux. Les secouristes rappellent également qu’il est fortement déconseillé de laisser un chauffage fonctionner pendant le sommeil ou d’utiliser des méthodes de chauffage improvisées ou anciennes dans des pièces fermées.
Alors que les services de la Protection civile poursuivent leurs campagnes de sensibilisation dans toutes les wilayas du pays, les citoyens sont appelés à faire preuve d’une vigilance accrue. La prévention commence dans chaque foyer, par des gestes simples qui peuvent éviter le pire. Les drames de Béni Mouhli et de Djemila ne sont pas de simples faits divers : ils sont des rappels douloureux que l’hiver impose un surcroît de prudence et que la protection des vies passe avant tout par la rigueur, la vigilance et la responsabilité individuelle.
Nora S.
