Une équipe internationale de chercheurs vient de lever le voile sur un mécanisme fondamental du rein : le canal protéique PIEZO2, déjà connu pour son rôle dans la perception du toucher, serait en réalité un régulateur essentiel de la rénine, l’hormone qui pilote le système rénine-angiotensine-aldostérone, au cœur du contrôle de la pression artérielle. Publiée dans la revue Cell, l’étude montre que PIEZO2 agit comme un véritable « senseur mécanique » interne, capable de percevoir les variations de pression ou de volume sanguin et d’ajuster en conséquence la sécrétion de rénine.
Dans leurs expériences, les chercheurs ont identifié PIEZO2 dans des cellules rénales précises, notamment les cellules juxtaglomérulaires responsables de la libération de rénine. En l’absence de ce canal, les reins se mettent à produire trop de rénine, déséquilibrant tout le système hormonal qui régule la pression sanguine. Le résultat est une hyperactivation du système rénine-angiotensine, une pression artérielle instable et une perturbation des capacités du rein à maintenir l’équilibre hydrique et électrolytique.
Cette découverte apporte une réponse à une question restée longtemps sans explication : comment les reins « sentent » les changements de pression pour ajuster leur réponse hormonale ? PIEZO2 apparaît comme la pièce manquante, un capteur essentiel permettant au rein de réagir de manière fine et immédiate aux contraintes mécaniques qui s’exercent sur lui. En révélant ce rôle jusque-là insoupçonné, l’étude ouvre la voie à de nouvelles recherches et peut-être, à terme, à des stratégies thérapeutiques visant à moduler ce canal pour traiter l’hypertension ou certaines maladies rénales.
Alors que les traitements actuels ciblent surtout les effets du système rénine-angiotensine, cette avancée scientifique suggère qu’une partie de la solution pourrait résider en amont, au niveau même du mécanisme sensoriel qui déclenche la sécrétion hormonale. Une perspective qui pourrait redéfinir la compréhension et la prise en charge des déséquilibres tensionnels dans les années à venir.
Nouhad Ourebzani
