Un million de vies sauvées en 2024 : l’OMS alerte sur une menace grandissante dans la lutte contre le paludisme

L’Organisation mondiale de la Santé a tiré, ce 4 décembre 2025, un signal d’alarme à double portée : si les nouveaux outils déployés contre le paludisme ont permis de sauver près d’un million de vies en 2024, les progrès réalisés restent aujourd’hui menacés par une montée inquiétante des résistances aux médicaments et aux insecticides.

Grâce aux moustiquaires imprégnées de nouveaux ingrédients, aux vaccins désormais administrés dans 24 pays et à l’élargissement des programmes de prévention saisonnière, l’année 2024 a marqué un tournant. Selon l’OMS, près de 170 millions de cas et un million de décès ont pu être évités. La chimioprévention, par exemple, a atteint 54 millions d’enfants, un chiffre inimaginable il y a dix ans.

Mais derrière cette avancée historique se cache une réalité plus sombre. Le paludisme a touché 282 millions de personnes en 2024, causant 610 000 décès, principalement en Afrique subsaharienne où les enfants demeurent les premières victimes. Le bilan s’alourdit alors même que les systèmes de santé, fragilisés par les crises économiques, climatiques et sécuritaires, peinent à maintenir les efforts.

La menace la plus préoccupante reste toutefois la résistance croissante aux traitements antipaludiques, notamment aux dérivés de l’artémisinine, confirmée ou suspectée dans plusieurs pays africains. À cela s’ajoute un phénomène aggravant : l’expansion d’un moustique urbain résistant aux insecticides, Anopheles stephensi, capable de proliférer dans les grandes villes et d’accroître le risque d’épidémies inattendues.

Les outils de diagnostic eux-mêmes montrent des signes de faiblesse à cause de mutations du parasite, rendant certaines infections plus difficiles à détecter. Et alors que les besoins financiers augmentent, les financements stagnent : les investissements mondiaux ont atteint 3,9 milliards de dollars en 2024, loin des 9,3 milliards nécessaires pour maintenir l’élan.

Malgré ces défis, l’OMS insiste : l’espoir est réel, mais il exige une mobilisation immédiate. La priorité est claire : renforcer les financements, accélérer la mise au point de traitements alternatifs, et consolider les systèmes de surveillance épidémiologique.

Pour l’agence onusienne, l’enjeu dépasse les chiffres : il s’agit de ne pas laisser s’effondrer un progrès chèrement acquis — et de garantir que les outils capables de sauver des vies aujourd’hui ne deviennent pas inefficaces demain.

Tinhinane B

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