Et si un geste aussi banal que manger un œuf devenait un allié contre la maladie d’Alzheimer ? C’est ce que suggère une étude menée dans le cadre du Rush Memory and Aging Project, l’une des cohortes les plus suivies au monde sur le vieillissement cérébral. Plus de mille personnes âgées, en moyenne de 81 ans, ont été observées pendant près de sept ans afin d’évaluer l’impact de leurs habitudes alimentaires sur la santé de leur cerveau.
Les résultats sont étonnants : les participants qui mangeaient au moins un œuf par semaine avaient presque deux fois moins de risque de développer une démence de type Alzheimer que ceux qui en consommaient très rarement. Une association suffisamment forte pour attirer l’attention des chercheurs, qui y voient un possible levier alimentaire accessible à tous.
Pour aller plus loin, les scientifiques ont analysé les cerveaux de 578 participants décédés. Là encore, la tendance se confirme : les personnes ayant intégré les œufs à leur alimentation présentaient moins de lésions caractéristiques d’Alzheimer, comme les plaques amyloïdes ou les enchevêtrements tau. Autrement dit, l’effet observé ne se limite pas aux symptômes cliniques, mais s’étend jusqu’aux marqueurs biologiques de la maladie.
Comment expliquer ce possible effet protecteur ? Les œufs sont l’une des meilleures sources de choline, un nutriment essentiel au fonctionnement de la mémoire et des neurotransmetteurs. Selon l’étude, près de 40 % de la relation entre consommation d’œufs et moindre risque d’Alzheimer pourrait s’expliquer par cet apport en choline. Mais les œufs apportent également d’autres composants bénéfiques — oméga-3, lutéine, vitamines — qui pourraient agir en synergie.
Les auteurs restent prudents : il s’agit d’une étude d’observation, qui montre une association mais pas une causalité. D’autres facteurs liés au mode de vie pourraient partiellement expliquer les résultats. Les données alimentaires, par ailleurs, reposent sur des questionnaires déclaratifs, toujours imparfaits.
Pour autant, les conclusions ouvrent une piste solide dans la prévention des maladies neurodégénératives. Sans promettre de miracle, intégrer un ou deux œufs par semaine dans une alimentation équilibrée apparaît comme un geste simple, peu coûteux, et peut-être bénéfique pour le cerveau vieillissant. Une hypothèse qui devra être confirmée par de futurs travaux, mais qui, déjà, pourrait changer la manière d’envisager la nutrition du grand âge.
Ouiza Lataman
