Peut-on dire qu’un simple épisode infectieux pendant la grossesse pourrait influencer la santé future d’un enfant ? C’est la question que se sont posés des chercheurs du Consortium international sur le cancer et la leucémie de l’enfant (CLIC). Dans une étude publiée dans l’International Journal of Epidemiology, ils ont passé en revue les données de plusieurs pays pour comprendre si certaines infections prénatales chez la mère pouvaient être liées à la leucémie infantile.
Leur conclusion reste prudente, mais intrigante : les enfants nés de mères ayant eu une infection pendant la grossesse présenteraient un risque légèrement plus élevé de développer une leucémie. Ce lien apparaît surtout avec les infections urinaires et génitales, alors que les infections respiratoires ou digestives ne montrent pas de corrélation claire.
Les chercheurs insistent : le risque absolu demeure très faible, car la leucémie chez l’enfant reste une maladie rare. Mais cette observation pourrait aider à mieux comprendre comment l’environnement de la grossesse influence le développement du système immunitaire du fœtus.
Pour affiner leurs résultats, les scientifiques ont aussi comparé des fratries issues des mêmes familles : le lien entre infection maternelle et leucémie de l’enfant se maintient, même en tenant compte de l’hérédité et du mode de vie. Cela renforce l’idée qu’il existe bien un effet spécifique lié à l’infection elle-même.
Reste que les auteurs appellent à la prudence. Une corrélation statistique ne signifie pas forcément qu’il y a un lien de cause à effet. L’état de santé général de la mère, les traitements reçus ou les conditions de vie pendant la grossesse peuvent aussi jouer un rôle.
Cette étude ne cherche donc pas à inquiéter, mais à mieux comprendre. Elle rappelle surtout que la santé de l’enfant commence avant même sa naissance, et qu’une prise en charge attentive des infections pendant la grossesse est toujours une précaution utile — pour la mère comme pour le bébé.
Ouiza Lataman