Dans un contexte régional marqué par une volonté croissante de renforcer la souveraineté sanitaire, l’Algérie franchit une nouvelle étape en projetant l’implantation d’un complexe pharmaceutique du groupe public Saïdal au Sultanat d’Oman. Une initiative qui ne relève pas seulement de la coopération économique classique : elle traduit une vision politique partagée entre Alger et Mascate, fondée sur une complémentarité industrielle et une ambition commune d’accès élargi aux médicaments essentiels.
La visite officielle effectuée à Mascate par le ministre algérien de l’Industrie pharmaceutique, le Dr Wassim Kouidri, du 7 au 9 décembre 2025, illustre cette dynamique. Accompagné de l’ambassadeur d’Algérie, le Dr Mohamed Ali Bougazi, le ministre a été reçu au siège du ministère omanais de la Santé par son homologue, le Dr Hilal Ben Ali Al Sabti. Les échanges ont été marqués par une volonté claire de structurer une coopération à long terme, fondée sur des objectifs techniques bien définis.
Le premier engagement porte sur l’accélération du processus d’harmonisation et de reconnaissance mutuelle des enregistrements de médicaments entre l’Agence nationale algérienne des produits pharmaceutiques et son équivalent omanais. Cette étape est loin d’être anodine : elle permettra de simplifier l’accès des produits algériens au marché omanais, de fluidifier les circuits d’homologation et, surtout, d’ériger un cadre réglementaire commun qui favorisera un commerce pharmaceutique plus dense et plus stable.
Le deuxième volet, et sans doute le plus structurant, concerne la création d’une unité de production Saïdal en territoire omanais. Le projet prévoit la fabrication de médicaments sous formes sèches et liquides afin de répondre à la demande croissante du marché omanais, mais aussi de desservir les pays voisins. Une implantation qui représente un véritable saut stratégique pour Saïdal, dont l’expansion régionale devient l’un des axes majeurs de sa consolidation. Pour Oman, l’arrivée d’un partenaire industriel doté d’un savoir-faire éprouvé constitue une opportunité de renforcer sa capacité locale de production et de réduire sa dépendance vis-à-vis des importations.
Cette convergence de priorités n’est pas le fruit du hasard. Elle traduit l’application des orientations conjointes du président Abdelmadjid Tebboune et du sultan Haitham ben Tariq, qui insistent sur l’approfondissement du partenariat algéro-omanais et la construction d’un espace économique plus intégré. L’industrie pharmaceutique devient ainsi l’un des vecteurs les plus concrets de cette coopération rénovée, fondée sur la confiance politique et la vision d’un avenir partagé.
Avec ce projet, Saïdal ne se limite pas à exporter son expertise : elle s’inscrit dans une démarche de co-développement, respectueuse des besoins locaux et tournée vers une présence durable dans la région du Golfe. Une nouvelle page de la diplomatie économique algérienne s’écrit, avec un accent marqué sur la santé, l’innovation et l’ouverture maîtrisée vers de nouveaux marchés.
Nora S.
